page suivante »
DE NOTRE HISTOIRE MILITAIRE II7 charmant. » Le Maréchal Clauzel et le duc d'Orléans entrèrent à Mascara le 6 décembre au soir, par une pluie battante, et leurs troupes s'y logèrent comme elles purent. « Chacun^ harassé de fatigue et n'ayant pris aucune nour- riture depuis près de quarante-huit heures, se laissa aller au sommeil, attendant le jour qui devait apporter du soulage- ment à notre triste position. « Il luit enfin, ce soleil, mais moins brillant que celui d'Austerlitz, dont nous venions, quelques jours auparavant, de célébrer l'anniversaire par une victoire. Il luit à travers d'épais nuages pour éclairer un spectacle aussi hideux qu'inattendu, malgré les bruits qui avaient couru sur l'état de la ville. Les habitants avaient abandonné, de gré ou de force, leurs maisons, qui, par le désordre qui y régnait, attestaient la précipitation avec laquelle les habitants avaient fui. Les meubles brisés et jonchant le parquet, les usten- siles de ménage disp.ersés dans les cours, tout annonçait un pillage auquel il est probable que s'étaient livrés les Arabes. Les Juifs seuls étaient restés, mais non pas sans avoir > éprouvé les effets de la cruauté et de la vengeance de ces barbares, qui s'étaient portés à tous les excès contre ces malheureux, Leurs cadavres jonchaient les maisons et les rues. Des puits en étaient pleins, d'où l'on entendait sortir des gémissements d'infortunés qui n'étaient pas encore morts. Ni l'âge ni le sexe n'avaient été respectés par ces cannibales : des vieillards et des femmes avaient été tués ; sept à huit cents de ces malheureux, la plupart blessés, survécurent au massacre et vinrent implorer la générosité du vainqueur. Le Maréchal leur promit appui et protection. « Le matin, dès la pointe du jour, c'était le 7 décembre, les soldats se répandirent dans la ville, cherchant avec avidité de quoi satisfaire une faim dévorante. L'on trouva