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DE NOTRE HISTOIRE MILITAIRE 295 pas retrouvé chez lui ces soins attentifs et intelligents des troupes, base principale, mais fausse de sa réputation. Rien d'ingénieux dans la combinaison de ses mouvements. Il calcule médiocrement le temps et les distances. Un jour d'affaire, il ne tient pas dans sa main tons les fils de la machine ; il ne s'occupe que de ce qui se passe immédiate- ment sous ses yeux et vit à l'instant l'instant, à l'idée l'idée; véritablement, 'je le croyais plus fort. Je m'empresse de reconnaître qu'il a beaucoup d'activité d'esprit et infini- ment d'activité de corps, beaucoup de résolution et d'entrain. Vantard et hâbleur au delà de toute expression, il n'hésite pas à s'attribuer, ou, quand cela lui est possible, à nier les services rendus par ses subordonnés. » Et ici Changarnier raconte que Bugeaud, qui « avait commis plus d'une faute grave » à Milianah, ayant essayé de s'attribuer tout le mérite du succès, lui, Changarnier, « réprima cette injus- tice avec force et M. le général Bugeaud fut obligé de s'excu- ser... Dès ce moment, j'ai dû le compter au nombre de mes ennemis. Je suis bien dédommagé par l'opinion unanime de l'armée. Le Prince (le duc de Nemours), dont, en défi- nitive, c'était principalement la cause, est extrêmement bienveillant pour moi... Le récit de la campagne d'automne est prodigieux de hâbleries (i)..'. D'autres, le Maréchal Valée, par exemple, auraient obtenu (ces résultats) à meilleur marché et plus complètement. » « Vantard et hâbleur ! » En appelant ainsi Bugeaud, Changarnier s'est jugé lui-même et l'on n'hésitera plus à infliger ces deux épithètes à l'homme qui, tout en se piquant de correction et d'élégance parfaite, prodiguait à son chef (1) I, p. 249-250.