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UN VIEUX DE TRENTE ANS Souvenirs de la guerre de ISJO ANS la nuit du I er au 2 septembre 1870, il y avait environ une heure que nous étions dans le train qui nous transportait de Lyon à Belfort; nos yeux s'étaient peu à peu habitués à la demi-obscurité qui régnait dans le vagon où nous étions empilés avec nos fusils à piston, nos musettes et les abondantes provisions de route dont nous avait nantis, à la gare de Vaise, le Comité lyonnais organisé pour venir en aide aux troupes de pas- sage, quand mon voisin de droite me donna un coup de coude en poussant cette exclamation : — Oh ! ce vieux ! — En même temps il me montrait un mobile assis dans l'un des coins du vagon, dont le visage paraissait être celui d'un homme plus âgé que nous. De proche en proche, nous nous questionnâmes à voix basse sur ce vieux ; aucun des mobiles installés dans le vagon ne le connaissait; quant à lui, malgré le bruit,