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306                  VINGT-SEPT ANNÉES

celui que, comme générai, en chef, je voulais employer ;
 je n'en apporte pas moins à sa réussite, comme simple
général, toutes les forces dont Dieu a su me doter. Je vous
 écris ici, Monsieur le Maréchal, du champ de bataille
 d'Inkermann, sur lequel campe ma division et où, il y a
sept à neuf mois, je battis les Russes, en leur tuant ou
blessant près de 17.000 hommes et préservant ainsi l'armée
d'un affreux désastre. On semble avoir oublié cela en
France, dans les hautes régions ; mais l'armée en garde le
souvenir, et je sais qu'elle m'en tient bon compte, ainsi
que de tout ce que j'ai fait pour elle. » L'Empereur n'avait
garde de l'oublier, et c'est pour cela qu'il fit commander les
troupes d'Orient à leur rentrée à Paris par le général
Canrobert, qu'acclama la foule enthousiaste (29 décem-
bre 1855). — La reconnaissance de Canrobert pour
Castellane est toujours aussi vive, aussi délicate, aussi
profonde, soit que, simple commandant, il remercie son
protecteur « des nobles paroles qu'il a fait entendre à la
Chambre des Pairs » en faveur des officiers de l'armée
d'Afrique et de lui, Canrobert, dont il a accompagné le
nom « d'une épithète tellement élogieuse qu'elle le rend
confus » ; soit que, devenu commandant en chef de l'armée
d'Orient, il écrive à Castellane : « Je suis aussi touché que
reconnaissant des félicitations que vous voulez bien
m'adresser au sujet de la médaille militaire qu'il a plu à
l'Empereur de me conférer. Je tenais d'autant plus à porter
cette distinction du soldat que cela me permet de l'ôter
parfois de ma poitrine pour l'attacher dans l'action même
sur celle d'un brave. Je vous remercie, Monsieur le
Maréchal, d'apprécier les difficultés inhérentes à une armée
de près de 100.000 hommes, opérant, à 800 lieues de sa
base, contre une immense place de guerre et camp