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DE NOTRE HISTOIRE MILITAIRE 209 d'être interminable. L'artillerie russe a une grande supé- riorité « sur celle des Anglais et des Français», d'après le colonel Cler. « Tout le monde s'accorde à dire que le moral de l'armée française est excellent, qu'il n'a nullement souffert du mauvais temps, des fatigues et des privations de toute espèce, inévitables en cette saison ( i ) . » Le général Trochu écrit : « Nous jouons ici, Monsieur le Maréchal, une grande partie. Les vieux officiers, en petit nombre, qui se trouvent encore dans nos rangs, nous disent que les proportions en dépassent tout ce qu'ils ont vu autrefois. En effet, en dehors des chocs violents de l'Aima et d'Inkermann, nous avons reçu de la place, depuis le commencement du siège, 400,000 coups de canon, et elle a brûlé 1,500,000 kilogrammes de poudre. Le personnel, comme le matériel de Sébastopol, qu'il est impossible d'in- vestir, sont et seront incessamment renouvelés. Ces grands résultats ont une cause unique :1e parti violent et désespéré qu'a pris, après l'Aima, l'ennemi de couler la moitié de sa flotte pour barrer son port. Si les flottes alliées avaient pu y pénétrer, pendant que nous attaquions les batteries exté- rieures, la place aurait été enlevée et occupée, 48 heures après l'ouverture du feu. Quoi qu'il en soit de cet accident, que, pour mon compte je tiens pour un trait de génie, il nous a mis dans une situation difficile ; mais nous la domi- nerons à force d'énergie et de moral. Celui de nos soldats noyés dans les pluies et la boue, sous la petite tente-abri d'Afrique, est réellement admirable. Nous userons les Russes dans cette lutte d'opiniâtreté et j'ai la confiance la plus (1) Lettre du 10 décembre 1854.