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DE NOTRE HISTOIRE MILITAIRE 203 Malte, qu'il a vue au passage, et sur Constantinople, qui l'a ravi. « J'étais loin de m'attendre à voir le magnifique spec- tacle qui allait se dérouler devant moi. A mes pieds descen- daient les pentes à peine ondulées d'un immense bassin sans arbre et très peu habité; sous son horizon, sortant des vapeurs qui recouvrent toujours les grandes villes, apparais- saient les mille dômes-et les minarets en aiguille d'une immense ville, etc. » Voici la Corne d'Or, Galata, Péra, le sultan Abdul-Medjid, « courbé, pâli, l'oeil mort », quoique à peine âgé de 32 ans, puis les sultanes, Sainte-Sophie et le château des Sept Tours. Plus loin, c'est la physionomie des trois armées alliées, empreintes « du cachet de chaque peuple », tel que le général Canrobert le présente : « Le soldat turc, déguenillé, silencieux, un chapelet à la main, se courbe avec résigna- tion sous la règle du fat/ilisme, sans se préoccuper autrement de la vie. Le soldat anglais, bien vêtu, confortablement nourri, bel homme, très guindé dans son uniforme, mar- chant compassé et calme, offre un parfait modèle de la résistance froide et inébranlable. Le soldat français, gai, vif, apportant dans sa tenue ainsi que dans sa démarche un certain laisser-aller, n'est embarassé de rien ; il ne doute de rien; offensif par sa nature, il apportera dans l'action l'impétueux élan de ses devanciers. Tous vivent, du reste, dans le meilleur accord, et je ne doute pas que de leurs combinaisons sagement ménagées ne résultent de grands et nobles succès. » Après la malheureuse expédition de la Dobroudscha et l'incendie de Varna (1), dont parle le chef d'escadron Vico, (î) Il y a aussi une lettre sur la prise de Bomarsund par Baraguay- d'Hilliers.