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  132                  VINGT-SEPT ANNÉES

 doublement difficile. Il eût fallu, je crois, l'attacher d'abord
  au commandement d'une brigade, sous un lieutenant-
 général sage et expérimenté. Mais, vous le savez, on agit
  un peu par boutades dans les sommités du gouvernement,
 je devrais dire surtout là. Il y a là, comme ailleurs, des
 affaires de mode et M. Thiers n'est pas homme à s'en
 garer ; il juge vite, très vite, et agit de même, sauf
 reculade. »

                               III

     L'année 1841 fut marquée en Afrique par l'inauguration
  du gouvernement du général Bugeaud, qui devait durer
  sept ans, jusqu'en septembre 1847, et conquérir définiti-
  vement l'Algérie ense et aralro.
     Tout était encore à faire en janvier 1841, et le com-
  mandant de Lioux écrivait à Castellane : « Je ne crois pas
  que ce soit en Algérie que l'on apprenne l'art de la guerre :
  c'est une partie de chasse sur une grande échelle, où les
 régiments viennent s'user, se fondre en peu de temps ;
 trois mois après leur arrivée, ils ne savent plus s'aligner ;
 tout ce qu'on a appris s'en va bientôt ; les hôpitaux en
 dévorent la moitié : cet état de choses est vraiment déplo-
 rable, et une sorte de démoralisation, il faut bien le dire
 (car vous désirez que je sois vrai), en est la conséquence...
 Quant au mot « colonie », vous n'y croyez pas, je suppose ;
 c'est un mensonge. Il n'y a pas de colons de quelque
valeur, à moins qu'on ne fasse entrer en ligne de compte
 un millier de débitants de vin et d'eau-de-vie qui empoison-
nent nos soldats, et encore sont-ils pour la plupart Maltais,
Italiens, Espagnols et Allemands, et voilà les gens pour
lesquels la France se ruine et dépense ses plus vigoureux