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47H FEDOR ET LOUISE. ma mère adressée à mon père. Je vendrai une couverture afin de pouvoir vous rendre l'argent. Aidez-moi encore cette fois ! La brave femme, qui elle-même n'était pas riche, aida et paya. Dans des cas semblables les pauvres sont réellement plus géné- reux que les riches, car ceux-ci, pour aider, prennent seulement sur leur superflu. — Oh ! ma mère, disait Louise , pendant qu'en tremblant elle brisait le cachet. Elle vit ! elle revient. Oh ! tout ira bien main- tenant. Mais le messager boiteux arriva aussi. A peine Louise avait commencé à lire la lettre que sa joie s'é- vanouit et fit place à une inquiétude croissante. Enfin elle laissa tomber la lettre, cacha sa figure dans ses deux mains et fondit en larmes, et Mme Petermann avait beau l'interroger, elle ne pouvait apprendre la cause de ce chagrin. — Ma mère, dit Louise en sanglotant, est depuis sept mois en esclavage à Alger. Elle a poursuivi le débiteur jusqu'à Marseille où il s'était embarqué pour Oporto. Afin de le rejoindre, ma mère s'embarqua aussi, mais dans la traversée le vaisseau fut pris par un corsaire. Elle écrit qu'elle n'est pas bien mal en tant qu'esclave. Elle est seulement occupée à coudre et à broder dans la maison ; mais elle ne peut espérer sa délivrance à moins que l'on ne paye une somme de 2,400 fr. Ah ! infortunée ! où prendre cette somme ? Tous les malheurs tombent donc sur mes parents ? Ma mère regarde comme un grand bonheur d'avoir rencontré un brave capitaine qui se charge de faire parvenir sa lettre. Oh! mon Dieu ! qui aidera ma mère ? Que dira mon père quand il ap- prendra cette nouvelle infortune ? — Je m'en charge, dit Mme Petermann , comme de l'aventure de Fedor. Je vous conseille de lui cacher, pour le moment, le sort de votre mère. — Mais je serai accablée sous ce fardeau, dit Louise, si je dois le supporter toute seule. Eh bien! dit Mme Petermann, abandonnez-vous à celui qui non seulement nous apprend à supporter les fardeaux , mais qui en outre a promis de nous aider.