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178 LE VENT DE LA NUIT.
Vent qui grondes dans le silence,
Vent qui ravages dans la nuit,
Qui reviens saisir ta puissance,
Dès que le jour tremble et s'enfuit ;
Vent du tourbillon, qui te joues
Dans l'écume blanche de l'eau ;
Qui pousses la vague, et secoues
La barque, et les mâts du vaisseau ;
Vent du ciel, vent de la tempête,
Dont la course emporte en sifflant
Les derniers accords de la fête,
Le dernier souffle du mourant !
Quand de ta retraite inconnue,
Sauvage et libre tu reviens,
Quand tu pousses la sombre nue,
Qu'elle apporte malheurs ou biens,
C'est toi que j'attends sur la grève;
J'accorde ma lyre à tes sons,
Et, sur mon front qui se relève,
Passent tes sublimes leçons.
Que je te dois d'heures de charmes,
De fiers pensers, de grands desseins
0 vent ! alors que tes alarmes
Brisent le fût des vieux sapins !
Emporte-moi dans ton voyage,
Mesure le monde avec moi ;
Ne suis-je pas, vent de l'orage,
Un souffle de Dieu comme toi !
Caroline SAINT-JEAN.
Décembre, 1840.
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