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l'EDOR ET LOUISE. 477 CHAPITRE XV. UNE DÉMARCHE PÉNIBLE. Louise était dans sa petite chambre où elle avait réuni ses pensionnaires. —- Pauvre Matthieu, dit-elle au pinson, voilà les dernières graines que je te donne. Ce serait un péché d'en acheter pour des oiseaux, pendant que ma mère est en esclavage. Raton, dit- elle à l'écureuil, tu as faim et tu ronges le bois du toit. Je n'ai pas une miette de pain pour toi. Ami, tu pourras peut-être cher- cher et mendier quelques os, quelques restes de viande et de pain, car je n'ai pas le temps de m'en occuper. 11 m'est pénible de me séparer de vous ; on aime ceux auxquels on a sauvé la vie. Mais ma mère! Non je ne dois pas vous garder plus long- temps ici. Mais il me vient une bonne idée ; vous serez là , beau- coup mieux que chez moi. — Viens, mon petit Matthieu. Elle prit l'oiseau dans la main. Et toi, Raton , dit-elle à l'écureuil, prends ta place ; et il monta aussitôt sur son épaule. Quant à toi, Ami, tu peux trotter, tantôt devant, tantôt derrière. Elle comprima quelques larmes qui brillaient dans ses yeux, et sortit de sa chambre. Pendant qu'elle marchait dans la rue l'écureuil ne quitta pas son épaule. Elle arriva sur la grande place où s'élevait une baraque pour une ménagerie, devant laquelle les propriétaires se promenaient. — Hé ! l'enfant ! dit l'un d'eux, mon serpent royal est en appé- tit. Veux-tu me vendre ton chien ou ton écureuil. Tu pourras par dessus le marché voir comment mon serpent les avale. — Dieu m'en garde ! dit Louise reculant d'horreur, que je fasse ainsi dévorer une bête par une autre ! Je ne le veux pour aucun prix. Louise, que cet homme regarda comme une folle, poursuivit son chemin jusqu'à la maison de sa tante. D'abord la conseillère ne voulut pas recevoir Louise, parce