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DE GRIMOD DE LA REYJNIÈHE. !0i et entretenir une correspondance avec lui, comme il est dans l'usage de lui envoyer son dictionnaire à mesure qu'il paraît, et attend la réception du neuvième tome pour lui écrire , en atten- dant, elle vous remercie d'avoir bien voulu lui donner de ses nouvelles. Je ne juge point ce dictionnaire d'agriculture qui n'est qu'une compilation indigeste et qui ne fera pas croire à son ta- lent, mais je suis révolté en l'ouvrant. L'ouvrage est in-4, et la justification à peine celle d'un in-18 ordinaire. C'est ainsi qu'en volant impudemment le public on multiplie sans fin les volumes. Ces neuf tomes imprimés en conscience se réduiraient à cinq, même caractère et même pagination. Ce M. TABART, professeur d'histoire à votre institut national et membre de votre académie n'êtait-il pas grand-vicaire à Besançon et auteur d'un éloge de Des- préaux couronné dans je ne sais quelle académie de province ? Vous me dites que cet institut national a remplacé le collège de l'Oratoire, ce qui semblerait supposer que le pensionnat et les exercices scolastiques de ce collège sont Supprimés. Il paraît que vous n'avez aucune liaison avec M. VASSEUER. Je suis toujours fâché quand je vois les gens d'esprit, de mérite et cultivant les lettres, dont le nombre est si petit dans les villes de province, s'isoler au lieu de se réunir, se voir, se connaître, et perdre ainsi tout le fruit qu'ils pourraient retirer respectivement d'un com- merce intime ou d'une liaison privée. Vous logez à quatre pas de M. Vasselier, un des hommes de Lyon qui a le plus d'esprit et dont la société est la plus agréable, et vous ne le voyez jamais ! Pourquoi cela? je l'ignore, et vous seriez peut-être embarrassé vous-même d'en rendre raison. Les gens d'esprit semblent se fuir pour devenir la proie d'un tas d'ennuyeux, qui leur rendent la vie insupportable, pèsent sur leur existence et leur font perdre en détail la plus belle moitié de leur vie. Il ne suffit pas seulement de lire pour goûter les charmes de la litté- rature, le commerce des gens lettrés est le complément indis- pensable des jouissances d'un homme d'esprit. C'est dans leurs conversations instructives qu'ils peuvent seulement se révivifier, se rénover en quelque sorte (s'il m'est permis de franciser ce verbe), ce n'est qu'en sortant de là qu'ils trouvent de nouvelles