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                        FEDOR ET LOUISE.                        333

dépouillés, elle n'eut plus de pitié et ne songea qu'à les faire
rôtir au goût de son père.
   Elle sortit un instant pour refendre quelques morceaux de bois.
Lorsqu'elle rentra dans sa petite cuisine, elle vit un chat gris qui
s'élançait par la fenêtre avec un pigeon dans la gueule.
   — Oh ! mes pigeons ! s'écria-t-elle au désespoir. Maudite bête !
Et furieuse elle lança une poignée de bois contre le chat. Mais il
avait disparu avec sa proie, et Louise saisit en pleurant la moitié
de son trésor. Fedor a raison, dit-elle, les chats sont de vilaines
bêtes et ne méritent point de pitié. Qui leur a appris à voler
mes pigeons ? Pourquoi ne se contentent-ils pas de leurs rats
dont la maison est remplie ? Attends seulement ! Elle ferma la
fenêtre. Je veux avoir toujours un pot d'eau bouillante pour le
jeter sur chaque chat qui viendra ici. Le pauvre père est privé
de son repas par ce vilain animal.
   Elle se lamentait encore lorsque son frère entra. A peine eut-il
appris ce qui était arrivé qu'il s'écria triomphant : — Eh bien !
n'avais-je pas raison? défendras-tu encore les chats et les chiens?
Guerre à mort ! Si j'attrape le voleur de pigeons je le tue ou je
lui coupe la queue. Je connais ce filou tout gris. Quand je
monte il m'a déjà plusieurs fois regardé avec ses grands yeux. Il
espionne depuis longtemps, je t'assure.
   Cette fois Louise ne répondit pas, elle était trop en colère
contre cette méchante bête.
   Mais elle eut la précaution, chaque fois qu'elle sortait, de fer-
mer les portes et les fenêtres. Le pigeon volé eut ce bon résultat.
La réussite parfaite du rôti rendit à Louise sa bonne humeur, sur-
tout parce qu'elle put ajouter une soupe au dîner de son père.
   — La tante, ma chère sœur, m'envoie donc ce r e p a s , dit
Barenbeek. Je me réjouis de voir qu'elle ne m'oublie pas entiè-
rement. Qu'a-t-elle dit de ma lettre?
   Fedor ouvrait déjà la bouche pour raconter à son père toute
la vérité. Mais Louise placée derrière son père menaça de son
poing le babillard qui retint sa langue.
   Louise ajouta aussitôt : — Elle s'est lamentée sur la difficulté
des temps... mais elle nous aidera, cher père.