page suivante »
504 BEAUX-AItTS. Si l'on n'a pas gardé le souvenir d'un ouvrage aussi capital, comment pourrait-on affirmer qu'il n'a pas fait des miniatures , travail discret, destiné à être enseveli dans un livre, et vu, pour ainsi dire, d'une seule personne ? Comme l'une de ces miniatures est datée de Florence, ne pour- rait-on pas, sans trop bazarder, faire cette supposition, que, ces miniatures étaient destinées au livre d'heures de la comtesse Jeanne de Feltre de la Rovère, sa protectrice, en témoignage de sa reconnaissance ? Pour en revenir sur cette faculté de pouvoir exécuter des mi- niatures, que l'on pourrait refuser à Raphaël, il est un fait certain, c'est qu'il a exécuté à l'huile des peintures aussi minutieusement traitées que la miniature, et Giorgio Vasari cite, entr'autres, un tableau peint pour Guidobaldo duc d'Urbin, duquel il dit : « Fece « unquadretto d'unChristo che ora nell'orto, e îonîano alquanto « i tre apostoli che dormono, la quai pittura è tanto finita, che <( un minio non puô essere ne inegliore, ne altrimenti . » Soit : i! fit un tableau du Christ priant dans le jardin des olives, et un peu dans l'éloignement, les trois apôtres endormis •, laquelle pein- ture est tellement achevée qu'une miniature ne peut être ni meilleure, ni autrement. Il est donc clairement établi par là que Raphaël a pu traiter la miniature, s'il lui convenait. Venons au fait. L'un de mes amis me fit présent, il y a vingt ans, d'un psautier gothique, d'une reliure du temps de Henri III. Ce livre, outre un certain nombre de miniatures gothiques, en contenait trois, postérieures, ne portant pas au verso les carac- tères de la même époque et sans majuscules enluminées et dorées. Ces trois pièces me semblèrent d'une grande beauté, et, dési- rant sur elles une opinion plus éclairée, je priai M. Duclaux de les soumettre à MM. Bonnefond et Vibert, professeurs de notre école des beaux-arts, et fraîchement de retour de Rome, où ils ont longtemps étudié. Ces messieurs répondirent, qu'il leur était impossible de dire de qui ces miniatures pouvaient être, mais qu'ils apprendraient sans étonnement qu'elles fussent de la main de Raphaël. Cela me fit réfléchir et chercher si je ne trouverais pas quelque signe indificatif qui me mît sur la voie. Mais je ne découvrais que des apparences de lettres au collet du manteau de la vierge ; je m'obstinais à lire de gauche à droite et ne déchiffrais rien, lorsqu'un jour, ayant renversé le livre, je lus distinctement, el de mes yeux, sur l'épaule gauche : R A PH, puis au moyen d'une loupe, et sur l'épaule droite, P V F 1 F. Raphaël Pictor Urbinensis fecit Florencise. Dans la fresque de Saint-Onofrio (de 4o0h; une signature, Ã