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EXPOSITION DE 1854-55. 173 d'un ragoût encore inconnu, ou d'une strie, d'un érailkmcnl nouveaux de la pâte. 11 vise cependant à une certaine recherche de coloris , où il ne réussit pas toujours complètement, surtout dans les cadres de moindre im- portance; au fond,c'est par les qualités du style et des dispositions générales qu'il justifie principalement le succès mérité qu'il obtient. On ne peut refuser aux Marais-Ponlins le mérite d'un aspect imposant C'est comme une impression religieuse qu'on éprouve à les contempler. Le choix des tons semble rappeler ceux qui sont particuliers à la peinture en décors ; mais qu'importe ? les décors ont bien aussi leur beauté et n'en fait pas^qui veut. Ceux qui ont le bonheur de connaître cette morne et belle campagne de Rome s'accordent à reconnaître au paysage de M. Cinier une grande exactitude de physionomie. La succession des plans, enveloppés dans les vapeurs tramantes du soir se devine admirablement. Parmi les autres ouvrages du même peintre, il en est un qui nous plait fort. Cette fois il a rencontré pour la couleur cette note juste, si difficile à trouver pour ceux qui n'en ont pas le génie inné. Ce sont les Ruines au bord de J'en!*.M.Cinier est complètement sorti des son diapason habituel, tellement que nous ne le re- connaissions pas,lui qui semble signer toutes ses toiles par leur facture même. Il pleut comme il n'a jamais plu davantage, dans la Pluie de M. Chevallier ; impossible de mieux saisir cet aspect particulier de l'atmosphère. Citons aux amateurs de lumière les noms de MM. Lambinet et Appiau ; joignons-y celui de M. Girardon. Place au groupe joyeux et vif des peintres marseillais. Il serait difficile de rester sombre ou froid en face de leurs tableaux. Il n'y a que quelques années que ces artistes existent à titre d'école, et déjà ils ont conquis une belle place au soleil, qu'ils aiment tant, par parenthèse. Quelle bonne cha- leur est répandue dans leurs paysages. Jamais œuvres ne conservèrent davantage l'empreinte natale, le reflet de cette Provence , hors de laquelle j'ai peine à comprendre que puissent vivre ceux qui y sont nés. Voilà M. Loubon, et autour de lui ses fidèles amis et disciples. Voyez l'Abri : entendez-vous le mistral qui secoue les arbres grillés par l'été? Cachons- nous dans ce creux d'une montagne ; étendons-nous sur cette terre sèche et crevassée. Le ciel bleu , le vent , le sol gris et pelé, des arbres gris aussi, il peut y avoir encore bien de la gaîté et de la poésie dans ces choses tristes en apparence. Sans doute, ce n'est pas la poésie rêveuse, intime e! comme renfermée des pays du nord ; c'est la poésie toute extérieure, toute vivante du midi. Voici le Muletier, perché sur sa monture, et suivant la route tracée dans les dunes de sable. Plus loin, entourée de belles et grosses poules, une Jeune Fermière au mas de Soumabre. Le mas, encore un mot du pays et qui en a la teinte locale. Il n'y a que la Laitière d'Antibes »