Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
468                     MANUSCRITS D'ITALIE.
 que Varius, chargé après la mort de Virgile de publier YE-
 nêide, avait pris sur lui de les supprimer. Le savant Heyne(l)
 répond avec beaucoup de sens que, s'il en était ainsi, Varius
aurait montré plus de goût que Virgile lui-même. A l'appui
de l'opinion de ceux qui trouvent, ces quatre vers peu dignes
de lui (et j'avoue que je suis de ce nombre), je pourrais citer
une autorité contemporaine du grand poète, celle d'Ovide
qui l'avait connu, (2) et qui, dans le 2e livre des Tristes adressé
a Auguste, pour désigner l'Enéide, ne cite que ces mots :
Arma virumque (3), ce qui laisse évidemment supposer qu'a
cette époque (vingt-sept ou vingt-huit ans après la mort de
Virgile) cette portion d'hémistiche formait le commencement
du poème.
   Monsignor Laureani nous montra un autre manuscrit de
Virgile qui, malheureusement, se réduit à un seul feuillet.
« Ce feuillet, nous dit le savant bibliothécaire, est du siècle
même d'Auguste et a pu faire partie d'un exemplaire appar-
tenant à cet empereur. » Les caractères en sont si beaux
et si nets, le vélin si blanc et si fin que cette conjecture
n'aurait rien d'invraisemblable.
   H me serait impossible de passer en revue tout ce que
le Vatican possède de précieux dans ce genre, mais, pour
donner une idée de la variété de ses richesses, je citerai
seulement les lettres autographes de Henri VIII à Anne de
 Boleyn. Elles sont presque toutes écrites dans un français
barbare. Quelques-unes sont en anglais. Toutes sont pleines
des plus vives protestations d'amour pour la femme que ce
monstre devait, quatre ans plus tard, envoyer à l'échafaud.

  (1) Dans son Commentaire sur Virgile.
  (2) Il n'avait fuit que l'entrevoir, pour ainsi dire, c'est lui-même qui
nous l'apprend :
  Virgilium vidi tantum... ÃBIST. IV, Eleij. x.
  (3) Vers 533—534.