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410                        NÉCROLOGIE.

que de sensibilité et des récits badins dans le genre de Gresset
dont il semblait s'être fait un modèle.
               Te décrirai-je les loisirs
               Que me ramène chaque aurore ?
               Te parlerai-je des plaisirs
               Que chaque jour me fait éclore !
               Si je voulais amplifier
               Je lasserais ta patience ;
               Mais je ne veux point t'ennuyer,
               Je les passerai sous silence.
               Ici je ne sens qu'un chagrin
               C'est que du Temps l'aile légère
               Me marque déjà le chemin
               Qui conduit vers le séminaire.

   De 1819 à 4826, époque où il termina sa rhétorique, Hugues
n'avait la réputation que d'un assez mauvais écolier... Ses nom-
breuses poésies couraient de main en main, apportées dans les
familles par tous les étourdis qu'il comptait parmi ses amis de
cœur. Nous avons lu les cahiers appartenant à cette époque et
on ne pourrait croire que ces railleries un peu voltairiennes, ces
boutades contre ses professeurs en particulier et un peu contre le
clergé en général, ces couplets d'un ton souvent grivois soient de
la même plume qui a écrit les Voix de VAlbarine. En 1827, il quitta
Meximieux et se rendit à Belley où il entra en philosophie. Mal-
heureusement sa réputation l'y avait précédé et, à la suite de nous
ne savons quelle escapade de collège, il fut compris dans la me-
sure qui renvoyait plusieurs élèves à leurs parents. Hâtons-nous
d'ajouter que le motif n'était pas bien grave et que parmi ses com-
pagnons d'infortune, plusieurs jeunes gens, rentrés en grâce, sont
devenus des ecclésiastiques de mérite et de savoir. Quoi qu'il en
soit, ce fut alors un grand chagrin pour sa pieuse mère qui pleu-
rait en apercevant les tendances de l'esprit de son fils et qui sen-
tait s'évanouir sans retour un rêve qu'elle caressait peut-être au
fond de sa pensée, celui de voir son fils entrer dans les Ordres ;
de cela, son fils se souciait fort peu et la pauvre mère était bien
obligée d'y renoncer. Hugues, sorti de collège, vint à Lyon pour
apprendre le commerce, mais il n'y demeura pas longtemps. Bien-
tôt il revint dans son cher pays natal qu'il ne devait plus quitter