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             NOTICE SUR L'IMPRIMERIE DE TRÉVOUX.                183
 et quatre ballots de nouveaux caractères, les faisoit conduire de
 bonne foy à Trévoux, ne supposant pas que sa condition fust
 pire que celle des imprimeurs de Genève et d'Avignon qui vien-
 nent y en acheter tous les jours. Les sindics des libraires de
 Lyon, avertis par le fondeur des caractères, arrestèrent violem-
ment aux portes les ballots de mon imprimeur.
    « L'intendant de ma souveraineté écrivit à Lyon, et demanda
justice de cette violence, dont les magistrats de Lyon ont refusé
de lui faire raison.
    « Je demande que M. de Pontchartrain prenne la peine de
mander à M. l'intendant de Lyon qu'on fasse incessamment
raison à mon imprimeur de l'injustice qu'on luy a faite, et qu'il
donne ordre, s'il lui plaist, qu'on le laisse à l'avenir jouir pai-
siblement d'une liberté qu'à peine refuse-t-on aux ennemis de
l'état : il est public qu'on achepte tous les jours à Lyon des
caractères et des papiers pour l'Espagne. Les imprimeurs d'Avi-
gnon , qui sont en grand nombre, ne se pourvoyent point ail-
leurs, et n'ont jamais esté inquiétés. Je demande qu'on me fasse
le même traitement, et qu'il ne soit pas permis à de petits par-
ticuliers d'insulter impunément à mon authorité. J'aurois des
moyens seurs de les punir, qui certainement seroient approuvés
par le roy, et je pourrois aisément leur confisquer à Trévoux
plus qu'ils n'ont fait à mon imprimeur. Mais je n'aime pas les
voyes de fait, et d'ailleurs je veux devoir la satisfaction qui m'en
sera faite à la bonté de ma cause et à l'amitié de M. de Pont-
chartrain. »
   Ceux qui voyaient d'un œil d'envie s'établir à Trévoux une
imprimerie, n'en cessèrent pas pour cela leurs menées. Quelques
syndics de la librairie de Paris , gagnés par eux, se plaignirent
au roi du préjudice que leur causerait une imprimerie libre et à
portée de tout contrefaire. Louis XIV voulut s'opposer à son
établissement, mais le duc du Maine , son fils , lui présenta , le
10 juin 1697 , un mémoire où il combat les objections qu'on lui
avait faites, et prouve qu'une telle opposition serait un acte
attentatoire au droit de souveraineté dont ses prédécesseurs
avaient toujours joui.