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338                       KEDOR ET LOUISE.
   Il entra en effet et offrit gravement h son père le petit présent.
Seulement il fut trompé dans son attente. Au lieu de se réjouir,
son père fronça le sourcil. — Pauvre oiseau, dit-il, depuis
 combien de temps es-tu dans ton étroit cachot ? Combien de
temps tu as eu faim et soif avant que ton instinct t'aye appris à
tirer ce sceau et ce panier ! C'est airtsi que l'homme ingrat paye
tes chants. Ah! cette étroite cage et la cabane de cet écureuil,
véritables instruments de torture seront déposés au tribunal de
Dieu. Fedor '. peux-tu croire que ton père prisonnier se console
à la vue d'un prisonnier encore plus malheureux ? Vois ces ailes
dont Dieu a doté l'oiseau pour le porter au travers ,des airs . . . .
elles se déchirent contre ces barreaux ! N'est-ce pas comme si
je t'enfermais dans une armoire, où tu devrais à l'aide de tes
pieds tirer ta nourriture ?
   — Mais, mon père, dit Fedor, si le serin n'était pas bien dans
sa cage, il ne chanterait pas si joyeusement.
   •— Chanter ! reprit le père , tu veux dire gémir et pleurer.
N'est-ce pas assez pour ce pauvre oiseau de n'avoir qu'un son
 pour exprimer la joie ou la douleur? Pauvre serin, ouvre ton bec,
fais pour la dernière fois entendre tes plaintes sur la perte de
ta liberté.
   Le serin obéit, ouvrit le bec, et gazouilla ntt didcl-didel-dah.
   — Mais, mon père ! dit Fedor, les chiens sont bien à la chaîne,
les poulets, les moutons sont enfermés, le cheval et la vache
sont attachés sans que personne le regarde comme injuste.
   — C'est tout différent, répondit le père, — mais c'est un
péché de priver sans nécessité un animal de sa liberté.
   Fedor vit, avec une triste mine, que son demi-éeu partait sous
la forme d'un oiseau qui s'envolait par la fenêtre. —Qui m'ouvrira
ainsi ce cachot et me laissera partir comme cet oiseau? demanda
Barenbeck. La mort peut-être !

         ( ha suite à un prochain numéro ).