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478                     FEDOR ET LOUISE.
qu'elle était indisposée , et hors d'état de rien taire pour sa
famille.
   — Je ne veux rien lui demander, répondit Louise, j'apporte
seulement quelque chose à ma tante.
   Elle fit par curiosité ce qu'elle n'avait pas fait par charité.
Louise trouva sa tante étendue dans un fauteuil, et réellement
souffrante.
   — Que veux-tu, dit-elle à Louise, qui avait l'oiseau dans sa
main, l'écureuil sur son épaule et le chien sous son bras.
   — Permettez-moi, dit Louise suppliante, que je vous fasse
un cadeau de ces trois bêtes. Je sais qu'elles seront bien chez
vous, car vous aimez les bêtes (plus que les gens) allait-elle ajou-
ter, mais elle se retint.
   — Ces trois bêtes? demanda la tante étonnée, quel rapport
ont-elles ensemble?
   — Permettez-moi, chère tante, que je vous raconte leur
histoire. Mon frère Fedor a apporté ce pinson pour gagner de
l'argent en lui apprenant à chanter et à siffler. Mais pour cela il
faut les aveugler avec un fer rouge. Ce qu'il a fait à mon insu.
   — Quelle folie impie ! s'écria la conseillère. Ce garçon tour-
nera mal.
   — C'est bien ce qui lui arrive, répondit Louise ; Fedor crie
toute la journée parce qu'il ne peut pa» voir. Au contraire, ce
bon pinson chante parce qu'il est aveugle. Pensez donc, chère
tante, être aveugle et chanter !
   — Tu as raison, mon enfant, le pinson fait honte aux hom-
mes qui ont des yeux, et ne chantent pas seulement les louanges
de Dieu.
   — Une fois, le pinson était parti de sa cage, et mon frère crut
que les chats l'avaient mangé •, mais il n'en était rien. Je trouvai
l'oiseau derrière une chaise. Je l'ai pris et soigné, sans en rien
dire à mon frère qui l'aurait encore tourmenté.
   — Tu as bien fait, chère enfant, dit la conseillère.
   — Une autre fois Fedor apporta ce chien, après lui avoir fait
couper la queue et les oreilles. 11 le rouait de coups pour lui ap-
 prendre à faire des tours. Enfin il a perdu patience et l'a chassé.