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DE GR1M0D DE LA REYNIÈRE. 379 beaucoup aux animaux immondes, qu'on couronne de lau- riers et qui ne sont bons qu'après leur mort. M. le chevalier de Berlin n'égale assurément pas M. de Parny, mais je conviens qu'il a un talent, sinon très-distingué, comme vous dites , au moins souvent très-agréable surtout dans son petit Poème des Amours. En tout, ces deux auteurs doivent trouver place dans toutes les bibliothèques agréables et bien choisies , et la lecture de leurs aimables bagatelles , pleines de grâces , d'esprit et de sentiment peut faire passer des heures agréables. C'est selon moi ce qui est sorti de mieux de l'école de Dorai ; car, en dépit de ses détracteurs , Dorât a fait école en poésie comme Boucher en peinture, tous deux à peu près dans le môme genre , un peu léché, un peu ma- niéré si vous voulez , mais infiniment agréable. Ce n'est pas leur faute si leur exemple a fait de mauvais imitateurs , et cela ne prouve rien contre le mérite du genre qu'ils avoient en quelque sorte créé l'un et l'autre. Laissons ces vieux auteurs françois pour ce qu'ils sont, consultons les quelquefois, parce qu'il est bon dans les travaux littéraires de se reporter aux sources mêmes; mais ne perdons jamais notre temps à les lire. J'ai eu le courage de pousser jusqu'au bout la lecture des 15 volumes de Brantôme, mais je vous assure que me voilà guéri pour longtemps de l'envie de lire les auteurs antérieurs à Louis XIV. Je suis enfermé maintenant dans ces compositions vasles et profondes de l'abbé Prévost, dont plusieurs m'étoienl inconnues et que je lis dans l'édition de . . . avec un plaisir extrême. Nous en conférerons une autre fois; il me reste à peine assez de place aujourd'hui pour répondre à votre lettre, qui, comme vous voyez, me fournit une matière abon- dante. Si ma prolixité vous ennuie , ne vous en prenez qu'à vous-même , car jusqu'à présent je n'ai fait encore'que vous répondre et suivre pas à pas votre texte. Il est Irès-sûr que Corneille, Racine , Molière, Fénelon , Rousseau , Voltaire