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NOTICE SUR LE BARON RAMBAUD. 199 d'hôpital, il se fit passer pour un soldat convalescent qui allait aux frontières rejoindre son drapeau. A tout moment il voyait quelques-uns de ses compagnons de fuite , reconnus, arrêtés et conduits à Lyon, c'est-à -dire à la mort. Les angoisses de ce terrible voyage se renouvelaient à chaque pas, à chaque station, à chaque village. Enfin, après de mortelles péripé- ties, M. Rambaud atteignit la frontière suisse. Il se fixa près de Lauzanne, où -il fut bientôt rejoint par me M Rambaud qui, emmenant avec elle ses deux enfants en bas âge, accompagnée d'une seule servante, avait osé exécu- ter à pied ce dangereux voyage. M. Rambaud demanda le pain de l'exil à quelques travaux de teneur de livres ; Mme Rambaud, de son côté, employa son temps à des ouvrages d'aiguille, faisant de la broderie et gagnant quinze sous par jour. Malgré ces précieux supplé- ments, le petit pécule apporté de Lyon par M. Rambaud, allait s'épuisant chaque jour. A peine lui restait-il quelques pièces d'or, quand la chute de Robespierre vint combler tous ses vœux, en lui rouvrant le chemin de la France. Il revint à Lyon; il n'y trouva que de douloureuses impres- sions, ses amis morts, des décombres partout accumulées, une grande cité expirante sous l'étreinte de la folie et du crime. M. Rambaud fut rétabli dans ses fonctions du ministère public. Bientôt après, il fut mandé par la Convention, avec quel- ques autres Lyonnais notables, pour rendre compte de l'étal de la cité. Introduit à la barre de la Convention, forcé d'im- proviser un discours devant cette assemblée redoutable et ombrageuse, il sut se tirer de cette périlleuse tâche â la sa- tisfaction commune et de l'assemblée et de ses compatriotes. M. Rambaud n'était pas encore revenu de Paris quand il fut élu à Lyon, par ses concitoyens, membre du conseil des Cinq-Cents.