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384 LETTRES INÉDITES gens de lettres , que je crois bonne sous tous les rapports et que j'ai plaïdée toute ma vie. J'attends donc vos raisons , et je me réserve de les combattre. Aussi bien, l'espace me manque, ainsi qu'à vous pour entamer celte discussion , dont le résultat n'empêchera pas que ce mariage de M. de Fonlanes , ne soit bien et dûment fait et parfait, et sans doute consommé. Aussi il n'y a plus d'autre remède qu'un bon divorce, ils ne sont pas rares à Paris , et je crois vous avoir déjà dit qu'il y en a autant que de mariages, ce qui prouve combien il y a d'unions heureuses. Vous m'avez en- voyé une once de manne en échange d'un quarteron de fiel. Les vers de votre lettre sont du reste assez jolis dans le genre anodin. L'épigramme la mieux faite est de M. Laclos, et, je n'en ai pas d'abord été moins surpris que vous. Mais en réflé- chissant sur les événements, sur la défection de M. de Silléry, qui a suivi M. Dumouriez et son gendre Valence, mon an- cien camarade et ami de collège, tout cela s'explique , et M. Chauderlos de Laclos a bien pu faire ces vers , tout en restant attaché au parti de M. le duc d'Orléans. C'est encoreun talent . . . . que celui de M. de Laclos. Il evl bien mieux fait de suivre la carrière littéraire dans laquelle il avoit débuté par un roman qui restera et qui annonçoit un grand talent. La carrière politique lui a moins réussi, car, malgré toutes les horreurs qu'il a faites ou conseillées, il ne lui en est pas revenu le plus petit avantage. Il est permis de.se déshonorer , mais pas gratuitement, et c'est joindre la folie à la bêtise , lorsque le profit ne compense pas la honte. Je viens de recevoir une lettre de M. le comte de Forlia , en date du 21 mai, dans laquelle il est question de vous, voici comment ; il dit en répondant aux reproches que je lui avois fait d'avoir passé à Lyon sans vous avoir vu : « Je n'ai point assurément refusé de voir M. M et je n'aurois même pas eu la peine de faire connoissance avec lui, puisque vous