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286 LETTRES INÉDITES mander, il me paroît difficile que M. Linguet existe et ne fasse point parler de lui. Vous me surprenez en me disant que le Journal Général de France avoit peu de souscripteurs à Lyon ; je lui en croyois beaucoup, au contraire, étant rédigé dans des principes qui dominèrent et dominent encore dans cette ville. Vous me rendriez un véritable service de savoir si les souscripteurs ont reçu quelque autre journal h la place, ou une indemnité. Vous sentez qu'il est désagréable d'être dupe , même d'un journaliste arislocrale. Ce n'esl pas la faute des abonnés si ce journal a été arrêté ; ils ont donné leur argent, il faut bien qu'il leur en revienne quelque chose. Il me semble que la plupart des autres journaux supprimés ont été continués sous d'autres litres, et même ont repris, petit à petit, leurs anciens principes. Je ne savois pas que la collection du Moniteur fut si pré- cieuse. Cela me donneroil aussi des regrets de ne l'avoir pas pris dans le principe. Vous le trouvez cher, et moi je vous avoue que c'est le meilleur marché de tous les journaux. La preuve en est claire ; presque toutes les gazettes qui parais- sent, et qui coûtent 36 fr. à Paris, ne sont que d'une demi- feuille m-k". Le Moniteur coûte le double ; mais il est d'une feuille entière in-folio, en petit-romain , sur trois colonnes de sorte qu'il renferme trois fois plus de matières que les autres. Mais, comme vous lisez habiluellement, cela suffit, et telle précieuse que soit cette collection , les bons livres, pour le même prix, le sont encore davantage au bout du compte. Ce ne sont que de vieilles gazettes qui ne renferment rien de littéraire, et dont les historiens et les compilateurs politiques prendront assez le soin d'extraire le bon, sans que nous nous eu mêlions. Ainsi, je crois que ce seroit folie de courir après la collection du Journal de Paris, qui seroil bien au- trement intéresgante, surtout les douze premières années, qui