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DE GRIMOD DE LA REYN1ÈRE. lit jour que nous puissions faire ensemble ce voyage, et vous serez forcé de convenir que j'ai raison sur tous les points et que la vie d'auberge dans ce pays est beaucoup plus agréable que vous ne pouvez vous l'imaginer. Je me rappellerai toujours un voyage que j'y fis en 4788, en allant de Zurich à Berne, je couchai dans un village appelé , je crois , Bremgarten. Il n'y avait pas plus de vingt maisons, et l'auberge, quoique très-propre comme toutes les maisons de tout ce pays, n'avait que les apparences d'une demeure rustique. J'y fis pour 3 livres par tête un souper tel que je ne l'aurais pas trouvé meilleur à Versailles. Du linge d'Hol- lande damassé, des flambeaux d'argent, un service tout entier en porcelaine de Saxe de la plus grande recherche, le tout allié à la plus grande propreté et à la meilleure chère. L'hôtesse était une jeune fille de 24 à 26 ans, d'une figure très-agréable, par- lant le français plus purement qu'on ne le fait à Lyon , d'un ton excellent et qui paraissait avoir reçu une fort bonne éducation ; j'avoue que je pris tout cela pour un enchantement. Voilà cer- tainement ce qu'on ne trouvera pas en France dans les plus grandes villes , j'avoue que je sortis de cette auberge pénétré d'étonnement et de respect. Nous voilà bien loin des hôtels de Lyon qui o nt amené cette disgression, mais il est impossible d'y remettre le pied en sortant de ceux de Suisse. Je passe au paragraphe suivant de votre honorée lettre. (La suite à un prochain numéro).