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112                      1»ES LETTRKS
 vertus, elles sont l'instrument de la grandeur et de la puis-
 sance des nations ; mais par cela même qu'elles sont indiffé-
rentes à la morale, elles ne peuvent être la base de l'éduca-
tion ; elles doivent en être le complément, et non le point
du départ. Ce n'est pas elles dont nous devons pénétrer de
prime abord l'esprit de nos enfants, et appelés a choisir
entre les deux routes qui s'ouvrent devant eux, nous leur
prescrirons celle des lettres, sauf a les engager plus tard
dans celle des sciences
   Rappelons-nous ces peintres des premiers âges de l'art qui,
reproduisant sur la toile des sujets religieux ou historiques,
concentraient tous leurs efforts sur l'expression des senti-
ments intimes. Us ne négligeaient point le milieu dans lequel
s'accomplissait l'action ; mais ils ne le plaçaient que sur un
second plan. Ils semblaient n'avoir en vue que les sentiments
des personnages, et tous les accessoires s'effaçaient en quel-
que sorte devant cette expression du cœur. Du jour où la dé-
cadence des arts a commencé, le paysage a pris une place plus
grande ; heureux encore quand il n'a pas envahi toute la
scène. Le jeu des vêtements, les mouvements du corps,
l'éclat des couleurs ont remplacé l'étude patiente et réfléchie
de tout ce qui dans les traits de la figure révèle l'âme hu-
maine. N'imitons point ces siècles de décadence; laissons
a la nature morte sa place subordonnée, et dans nos étu-
des comme dans celles que nous imposons à nos enfants,
donnons toujours la première place a Dieu, a l'âme, et a
ses manifestations.
                                     AMÉDÉE BONNET,
                                 Membre de l'Académie de Lyon,