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                        FËDOR ET LOUISE.                        475

 après leur avoir donné à boire et à manger, revint auprès de
 son frère.
   Mais, comme dit l'Écriture, « quand un membre souffre tous
les autres souffrent aussi. » Pour soigner son frère, Louise devait
 cesser sou travail chez les deux marchandes. 11 en résultait que,
ne gagnant plus d'argent, elle ne pouvait procurer à son père
le plaisir de la promenade. Le pauvre prisonnier ne voyait sa
fille que pendant quelques instants, et les journées lui parais-
saient bien longues. Louise ne prenait plus qu'une nourriture
insuffisante, à cause de la maladie de Fedor; les trois animaux
souffraient aussi de la faim dans leur grenier. Louise n'avait pas
le temps d'aller ramasser des faines de hêtre pour l'écureuil, ni
de se procurer quelques os et des restes de viandes pour Ami.
Elle ne voulait pas dépenser de l'argent à acheter des graines
pour le pinson.
   C'est ainsi qu'une simple étourderie de jeune homme peut
avoir des conséquences plus étendues qu'on ne le croit, et deve-
nir funeste même à des êtres innocents.
   De fidèles voisins comprenaient bien l'explication de la qua-
trième prière par laquelle nous demandons au Seigneur notre
pain quotidien. Et au fait, si M me Petermann n'avait pas été une
fidèle et bonne voisine, Louise et ses trois pensionnaires auraient
été dans une triste situation. Mais cela ne pouvait continuer
ainsi, d'autant mieux qu'un malheur n'arrive jamais seul.
   Les médecins ne regardaient pas encore Fedor comme hors de
danger, lorsqu'un jour le facteur apporta, pour le négociant Ba-
renbeck, une lettre dont le port s'élevait à plus de quatre francs.
— Elle vient, dit le facteur, d?un port de la France méridionale.
Louise, désespérée de ne pouvoir payer le p o r t , regardait l'a-
dresse à demi-effacée par les timbres et le vinaigre dans lequel
on l'avait plongée pour la désinfecter. Ne pouvant payer le port,
elle se disposait à rendre la lettre au facteur, lorsqu'en regardant
avec plus d'attention, elle reconnut qu'elle était de l'écriture de
sa mère.
  Elfe courut chez la voisine et cria en pleurant : — Mme Peter-
mann ! prêtez-moi quatre francs cinquante ; voilà une lettre de