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                        MAINUSCIUTS D'ITALIE.               171

 à l'imprimerie, l'immortalité est assurée à cet ouvrage qui de-
 vient désormais impérissable. Sans lui, nous ne connaîtrions
le caractère sombre et cruel de Tibère que par la froide biogra-
phie de Suétone. La belle et noble ligure de Germanieus, idole
du peuple romain, l'épisode si touchant de sa mort, celui plus
émouvant encore d'Agrippine, sa veuve, débarquant à Brin
des, suivie de ses jeunes enfants et portant dans ses bras
une urne cinéraire, au milieu des sanglots et des cris de dé-
sespoir d'un peuple consterné, tout cela nous serait aujour-
d'hui inconnu, si ce livre précieux n'eût échappé à la
destruction. J'avais lu bien souvent le commencement du
3° livre où se trouve décrite cette scène déchirante. Je vou-
lus le relire encore, et cette fois, ce fut avec un plaisir qui
ne sera bien compris que par les véritables antiquaires.
   On sait que l'empereur Tacite, qui se faisait gloire de des-
cendre du grand historien, avait pris un soin particulier de
faire transcrire ses œuvres et en avait placé de nombreux
exemplaires dans toutes les bibliothèques publiques (1). Il
avait même ordonné que les copies en seraient renouvelées
chaque année. Toutes ces précautions n'ont pu prévenir la
perte de plus d'un tiers des annales, ainsi que des. Histoires.
Ce qui a peut-être sauvé ce manuscrit, c'est qu'étant écrit
en caractères fins et serrés qui couvrent presque toute la
page, et ne laissent que peu de marge, il aurait donné aux
déprédateurs beaucoup de peine pour le laver et le gratter.
Cette conjecture devient presque une certitude par un rap-
prochement facile à faire. Le Palimpseste de la République,
de Cicéron, se trouvait dans des conditions tout à fait oppo-
sées. Aussi son sort a-t-il été bien différent.
   Ce manuscrit forme un petit in-4° en parchemin très-fort
et ne présente presque aucune abréviation, ce qui est la

  (1) Yopiscus in Tacito, cap. X.