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430                    LITURGIE LYONNAISE.
A la messe, par exemple, le prêtre commence, à Lyon, tout
autrement qu'à Rome ou à Paris, élève les bras en croix après
l'élévation, dit à haute voix le libéra qui suit le pater, et le ter-
mine par la conclusion : qui vivis et régnas, Dews, ce qui ne
s'observe que dans notre diocèse. Le prêtre porte (ou devrait
porter, car, depuis quelques années, le relâchement de la discipline
s'est, en cela, malheureusement très-étendu) une chasuble dont
la croix est simple, c'est-à-dire telle que doit être la croix, et non
bizarrement découpée par des ressauts, ou des angles à la mode
parisienne. Aujourd'hui à Lyon, les cérémonies et les évolutions
du clergé, dans les offices solennels de la Primatiale, sont encore
conformes aux traditions. Malgré quelques innovations, mal-
gré l'importation des orgues et de la musique, la messe ponti-
ficale des grandes solennités y est d'une majesté unique dans
le monde et rien, en d'autres cathédrales, ne peut approcher
du spectacle auguste qui se déroule aux yeux de l'étranger
ébahi, suspendu ces jours-là aux tribunes de l'abside.
   Il est donc faux de dire que nous n'avons rien conservé, et cela
est, déplus, injuste, si on le dit sans explication; et il nous parait
injuste aussi de conclure de ces changements, opérés dans des
moments de troubles, concédés à la violence, que nous sommes
déchus du privilège accordé aux anciennes liturgies !
   Voyons donc ; on est propriétaire, de temps immémorial d'une
superbe maison ; on vous intente un méchant procès ; il dure
vingt ans, malgré l'habileté et la ténacité de votre défense ;
pendant ce temps-là, on vous blesse, on vous fait perdre vos
revenus, faudra-t-il conclure du trouble apporté à votre pos-
session, que vous êtes déchu des droits qui y étaient attachés?
faudra-t-il adjuger la maison à vos adversaires, par cela seul
qu'ils auront mis le désordre dans vos comptes, et crié bien haut
que la maison ne vous appartenait pas?
   Mgr de Montazet triompha, chacun le sait, par l'appui du pou-
voir séculier, malgré les résistances et les protestations de son
Chapitre. Son successeur , Mgr de Marbeuf, ne put pas réparer
le désastre ; surpris par la révolution, il ne parut même pas dans
son diocèse. Après lui le siégefut vacant jusqu'à la fin de l'orage.