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BIBLIOGRAPHIE. 417 « C'est surtout dans le choix d'un état que cette erreur est plus sensible et a des suites plus funestes, plus irrémédiables. En effet, quoique cette terre frappée de malédiction soit une vallée de larmes, elle peut cependant, depuis que la religion l'a régénérée, offrir quelques jouissances aux hommes de bonne volonté. La paix d'un cœur pur et droit adoucit les rigueurs du tra- vail que Dieu a posé comme sentinelle de la vertu ; comment se fait-il donc que tant d'hommes traînent une vie dont les souffrances continuelles vont jusqu'au désespoir? c'est qu'ils se sont écartés du sentier que la Providence leur avait tracé. Ce n'est point la religion, la réflexion, la prudence, qui les ont déterminés dans le choix de la route qu'ils ont prise ; c'est un pur et aveugle hasard, ou plus souvent une ambilion insensée. Quelques fleurs ornaient les bords d'un des nombreux sentiers offerts à leurs regards, cela a suffi pour les y faire entrer. Ils n'on! point regardé si le sol qu'ils foulaient était assez ferme sous leurs pieds, si les traces de ce.;.x qui l'avaient baltu n'étaient pas de nature à les faire rétrograder; en un mot, ils n'ont consulté ni inclinations raisonnables, ni aptitudes, ni forces physiques ou morales ; le prestige seul les a entraînés, et leur marche, d'abord assez dégagée, mais devenue bientôt plus pénible, ne les a conduits qu'à un lieu de désolation et d'infortune où jamais le bonheur et la paix ne viendront relever leur front abattu. Pour comble de malheur ils oublient toujours la route qui conduit aux lieux où se rendent les vrais oracles ; ils dédaignent d'aller avec la foi religieuse chercher conseil et décision aux pieds de celui qui tient dans sa main la destinée de tous les hommes. Obvions à ces maux qui vous me- nacent à la sortie du congé, soldats ; car avant de rejoindre vos drapeaux, une carrière vous était ouverte, et pour le plus grand nombre vous exer- ciez sagement l'honorable profession de vos parents, vous étiez cultivateurs ou bien ouvriers ; mais, vos sept ans terminés, vous vous orientez sur un autre point, et, sous prétexte de vous créer une position nouvelle et plus lucrative, vous renoncez trop promptement au pays, à la noble charrue de vos pères pour vous fixer dans nos grandes villes, y chercher lortune avec moins de peine. Nous n'ignorons pas que plusieurs d'entre vous, sans appui, sans parents et sans avoir à la campagne, sont exposés aux plus dures nécessités. Nous les plaignons en les encourageant, et pour leur éviter la rude obligation de se vendre et de s'exposer aux suites de cette fatale mesure, nous leur offrons notre concours ; c'est là ce qui nous a déterminés à créer un bureau gratuit de placement, qui a produit les plus consolants résultats ; mais nous n'insisterons pas avec moins d'énergie sur les avis que nous adressons ici au plus grand nombre. Nous éviterons l'écueil des théories excentriques, et par là même impraticables, où les rêveurs de réformes sociales sont venus rudement échouer ; nous voulons ce qui est possible avant tout, et nous repoussons au loin les spéculations dangereuses. Eh bien ! voici, pour vous guider dans le choix d'un état, quatre principes de sa- gesse dont nous déduirons les conséquences les plus pratiques ; vous devez préférer : « 1° L'état dans lequel vous serez le plus utiles à la patrie ; « 2» Celui dans lequel vous rencontrerez le moins de concurrents ; « 3" Celui pour lequel votre position de fortune suffira ; « 4° Enfin, celui qui répond le mieux à vos relations de famille. D'après ces principes, vous ne devez pas hésiter à regagner vos paisibles chau- mières, à reprendre fièrement la charrue ou le marteau, dont le fer est aussi noble que celui du sabre ou de la lance. Gardez-vous surtout d'essais et d'apprentissages commencés à 30 ans dans nos grandes villes et qui n'abou- tiraient qu'à d'amères déceptions. « Vous vous garderez bien plus encore de vouloir vous élever au-dessus 27