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 416                             BIBLIOGRAPHIE.
  lui doit tous les soins du père de famille ; il doit le nourrir et le vêtir, le
  faire soigner quand il souffre ; il lui doit même l'éducation qu'il n'a pas reçue
 afin que cet homme dont il s'est servi pour sa défense sorte du régiment
 plus complet qu'il n'y est entré ; il ne faut pas craindre de le dire, la plu-
 part de ces besoins du soldat ont été satisfaits à notre époque, ses besoins
  matériels surtout ; mais il est un autre ordre d'idées qu'on a affecté de né-
  gliger depuis 1830, nous voulons parler de l'élément religieux. A cette
 époque, l'institution des aumôniers de régiment fut brutalement supprimée
  et le prêtre fut en quelque sorte proscrit des casernes. Le jeune soldat qui
 avait vécu jusqu'à vingt ans sous la double tutelle de la famille et de
 l'Eglise apprenait à mépriser les enseignements que dans sa jeunesse il
 avait appris à respecter ; cet esprit d'hostilité à l'Église a duré dix-huit
 années ; mais quelques mois à peine après la révolution de Février, on
 comprit partout la nécessité, même dans l'intérêt de la discipline, de ne
 pas priver l'armée des secours religieux et de l'influence morale du prêtre ;
 on ne créa pas de nouveau, il est vrai, les aumôniers des régiments, mais
 partout où se trouvèrent réunies de fortes agglomérations de troupes, dans
 les camps, par exemple, on l'établit le service du culte en le confiant à
 des aumôniers de garnison ; quand la guerre d'Orient fut décidée, des prê-
 tres de différents ordres furent attachés officiellement à l'armée et l'on
 sait tous les services qu'ils ont rendus à nos soldats qu'ils accompagnent au
 combat et dont ils soulagent les inquiétudes morales comme les douleurs
physiques, s'attachant à eux comme à des enfants qui leur sont confiés
 par leurs mères absentes.
    .Nous n'avons pas encore prononcé le nom de M. l'abbé Faivre, le modeste
auteur des Heures du Soldat. Depuis plus de vingt ans l'abbé Faivre par-
court les casernes de la garnison de Lyon; il est connu de tous les régiments
de France et son nom est aussi populaire dans l'armée qu'il y est respecté.
Nul homme n'a étudié avec plus d'amour et de sollicitude les besoins et le
cœur du soldat ; vous trouverez toujours à ses côtés ou une épaulelle d'or
ou une épaulette de laine. Or, l'abbé Faivre se dit un jour que personne
n'avait écrit ce qu'il aurait sans doute appelé la Théorie religieuse de l'armée
et que, ce livre manquant, il était utile de le faire ; il se mit à l'œuvre et
publia, il y a quelques mois, les Heures du Soldat.
    De nombreuses sympathies accueillirent ce livre que nous avons )u avec
bonheur, car n'allez point croire qu'il soit seulement le catéchisme moral
du soldat. Vous tous qui me faites l'honneur de me lire, qui que vous soyez,
homme du monde, ouvrier ou soldat, parcourez ces pages si bien inspirées,
si simples, si noblement écrites que M. l'abbé Faivre adresse à ses amis, les
soldats, et vous y recueillerez de sages enseignements pour vous et pour
les vôtres. Placez-le dans les mains de vos fils et ils y apprendront le respect
de leur nom, de leur famille et d'eux-mêmes, dans les mains de vos domes-
tiques et ils y apprendront la dignité de l'obéissance et la grandeur de
l'humilité.
   M. l'abbé Faivre a divisé son livre en vingt-quatre chapitres ou heures.
Chacune de ces heures contient l'explication ou le développement d'un
commandement de Dieu ou de tel autre article de foi, tout cela dans un
style aussi simple qu'élégant et facile à lire.
Citons un extrait de la seizième heure : CHOIX D'US ETAT A LA FIN D'UN CONGÉ.
  « L'homme aspire au bonheur, il le poursuit d'une course haletante et
non interrompue, mais victime de l'ignorance et des préjugés, séduit par
mille illusions il se trompe dans le choix des moyens, prend une fausse
route et laisse Je bonheur qui est à sa portée pour courir après des fantômes.