Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                            NÉCROLOGIE.                            411
  et où la réflexion et les exemples qu'il aTait sous les yeux devaient
  si complètement le transformer.
     On se souvient de la Révolution de juillet et du déchaînement
  qu'elle produisit dans les esprits. La garde nationale fut organisée
  et une vaste croisade sembla se former contre tous les gouver-
  nements de l'Europe. Hugues, enivré de ces idées de liberté et
 d'indépendance, fut signalé un instant parmi les meneurs du
 pays, et sa muse ne fut plus guère occupée qu'à rimer des Mar-
 seillaises contre tous les tyrans. Cependant la réflexion se faisait.
 Plusieurs jeunes gens du département de l'Ain, appuyés par nos
 députés,avaient trouvé des positions,des emplois dans des bureaux,
 des administrations, soit à Lyon, soit à Paris. Hugues était solli-
 cité de quitter comme les autres sa modeste position. L'occasion
 était belle ; on n'avait que son consentement à obtenir ; mais no-
 tre poète tenait à son vallon ; il aimait cette vie douce et humble
 du travail auprès de sa mère, et ces promenades du dimanche
 dans les saulées de l'Albarine, rendez-vous de la jeunesse du pays.
 Outre le temps qu'il donnait aux soins du commerce, il passait
 quelques heures, chaque jour, dans l'étude d'un honnête et probe
notaire dont les vues droites, le caractère sérieux ont certaine-
ment contribué à modifier ce caractère indompté.
    Sa vie se passait ainsi. De loin en loin les journaux du dépar-
tement donnaient une pièce de vers de notre poète, mais la poli-
tique et la poésie ne remplissaient déjà plus ce cœur ardent. Une
jeune fille, dont les qualités lui étaient connues, consentit à lui
donner sa main et, le 2 décembre i 83S, à la grande joie de toute
sa famille et nous dirions presque à l'inquiétude générale, il épousa
la femme de son choix.
    Ce mariage fut heureux. Malgré les prévisons de quelques per-
sonnes, Hugues fut bon époux comme il avait été bon fils. Simple
et régulier dans sa vie, on aurait dit qu'il tâchait de faire oublier
les légèretés de sa jeunesse ; cependant on peut avouer que dans
la société d'Ambérieux, où on ne croyait pas à une conversion bien
sincère et à une modification bien profonde, quelques préventions
existaient encore contre notre auteur et bien des gens mécon-
naissaient ce cœur si affectueux et si aimant. Aussi fut-ce avec un