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408 NÉCROLOGIE. il est rare de trouver un homme qui refuse tout espoir de jouer un rôle plus brillant dans la société par amour pour sa famille et son pays natal. Ce désintéressement peut être loué par un bio- graphe, mais il rend toute biographie impossible. On ne peut broder longtemps des ornements sur ce thème unique : il vécut sans ambition au milieu des siens, heureux de leur bonheur et ne demandant pas un lot plus beau ni meilleur à celui qui dispense le bien et le mal sur la vie. Au pied des montagnes du Bas-Bugey, dans une position déli- cieuse, à l'entrée de la gorge profonde que parcourt la route de Bourg à Chambéry, s'étend, le long d'une colline, la petite ville d'Ambérieux, ville antique, qui ne fut pas sans gloire si, comme le prétendent les historiens, elle fut une des principales ville des Ambarres et si le château qui la domine fut la résidence et le principal séjour du roi des Bourguignons, Gondebaud. Le ti- tre XLH de la loi Gombette est daté d'Ambérieux, et, malgré les prétentions de deux autres localités, nous croyons pouvoir, avec les auteurs les plus sérieux, réclamer pour notre Ambérieux la gloire d'avoir vu la promulgation de cette loi fameuse, par con- séquent d'avoir été le séjour de Gondebaud et des personnages célèbres de ce temps, parmi lesquels se détache brillamment la figure de la nièce du roi bourguignon, de Clotilde, la reine des Francs, l'épouse de Clovis. Plus tard, le château de Saint-Germain-d'Ambérieux, citadelle formidable, clef de passage des montagnes, fut assiégé par Amé le Grand, comte de Savoie, et les trois armées de ce prince, con- duites par les meilleurs capitaines de l'époque, ne se rendirent maîtres de la ville que par la ruse après un siège long et meurtrier. Aujourd'hui des châteaux modernes^ de jolies maisons de cam- pagne, et une multitude de celliers, appelés dans le pays gran- geons, couvrent les collines des environs et donnent à tout le pays un air d'aisance et de vie qui charme et séduit le voyageur. Ambérieux n'a ni commerce ni industrie. Au milieu d'une po- pulation de vignerons et de laboureurs, peu de besoins se font sentir -, chacun vit à peu près de ce qu'il a sans demander ni désirer les objets dont il peut si facilement se passer.