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FEDOU ET LOUISE. 397 auriez oublié vos maux. Nous venons du théâtre des singes et des chiens j il y en a un qui est cocher et l'autre laquais ; ils font la guerre comme des soldats. L'un d'eux était condamné à être fu- sillé. Mais le plus beau c'est qu'au milieu de la pièce on a jeté des saucissons sur le théâtre ; tous les chiens ont oublié leurs rôles et ce sont battus pour en avoir. Les coups de fouet n'ont pas pu rétablir l'ordre. — Combien as-tu payé ? et où as-tu pris l'argent V demanda sérieusement Barenbeck. — Oh! rien. Le fils du maître est un de mes amis, et il m'a donné un billet. Barenbeck silencieux poursuivit la promenade jusqu'à la porte de la ville ; de là il contempla les champs, les prairies et les mon- tagnes qui s'élèvent au bord du fleuve. Pendant ce temps, Fedor disait à Louise : — Ne fais pas tant î'importanfe parce que tu as procuré à notre père quelques heures de liberté. J'ai un plan qui la lui donnera toute entière. Je veux monter un théâtre de chiens, je visiterai les grandes villes où je pourrais gagner trois cents francs par soirée et je payerai les dettes de notre père. Ne lui en dis rien, afin qu'il soit d'autant plus surpris. Louise lui répondit par un sourire. CHAPITRE X. IL NE FAUT PAS MOULER LES ANIMAUX. Aujourd'hui dimanche, Louise est allée à l'église. Le prêtre qui, avant d'y entrer, avait vu un cocher battre cruellement un cheval, avait pris pour le sujet de son prône ces paroles de l'écriture: L'homme juste a pitié de sa bête, mais le cœur de l'impie est impi- toyable. (1) Il parla longtemps sur les devoirs de l'homme envers les animaux, sur les punitions qui attendent ceux qui les font souf- frir inutilement. Louise pensait à ce» vérités en même-temps qu'elle quittait sa robe des dimanches afin d'arranger son mé- nage. Fedor était dans la cuisine. (Proverbes 12, lu.)