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398                      FEDOR ET LOUISE.
    Louise crût entendre le vol d'un oiseau, mais elle n'y prit pas
 garde. Lorsque tout-à-coup son frère cria en courant comme
 un fou—Ah ! ah ! mon œil ! quelle douleur !
   — Qu'as tu donc fait, dit Louise; laisse voir!
   — Je me suis brûlé l'œil ! ah ! ah !•
   — Mais comment donc? dit Louise, qui voyait la lampe sur la
table. Fais donc voir ton Å“il. Elle remarqua en effet une petite
brûlure à la paupière.
   — Si tu savais comme cela fait mal, tu crierais joliment. Donne-
moi vite un linge mouillé.
   Louise le lui donna et le pressa de lui dire comment cela était
arrivé.
   — Eh ! je me suis brûlé avec un fil de fer que j'avais fait rou-
gir à la lampe.
   — Et pourquoi donc ?
   Fedor se taisait, lorsque Louise entendit encore le vol d'un oi-
seau; en cherchant, elle découvrit sous le fourneau la petite cage
du serin.—
   Fedor dit alors : — C'est un pinson qu'Ernest m'a donné. En
le plaçant sous le fourneau je me suis brûlé à ce fil de fer. Fedor,
après un assez long silence, dit : et bien je commence à dresser
des animaux afin de gagner de largent pour notre père. Un pinson
instruit se vend jusqu'à 12 francs.
   — Mais je ne comprends pas, dit Louise, pourquoi faire ce fer
rouge?
   — Afin que le pinson apprenne à bien siffler, il faut l'aveugler
avec un fer rouge.
   — Aveugler ! Aveugler ! s'écria Louise. Est-ce à dire qu'on le
rende aveugle ?
   Elle prit la cage et en examinant l'oiseau elle vit qu'en effet ses
yeux étaient brûlés. Elle replaça la cage en pleurant—Pauvre bête,
dit-elle,combien le créateur a été bon pour toi; il t'a donné des ailes
pour parcourir les airs en liberté, une voix pour chanter les louan-
ges de Dieu, des yeux pour reconnaître ses dons, mais l'homme
barbare, et même mon frère, te prive de toutes tes joies. Et toi.,
malheureuse créature, tu n'as que cette vie, tandis que l'homme a