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390                      FEDOU ET LOUISE.
père et Dieu vous rendra la santé. Pardonnez et ou vous pardon-
nera ! dit l'Ecriture.
    L'Inspecteur, faisant la grimace, cria Tyras et un gros chien de
chasse, couché sous son fauteuil, répondit par un grognement.
    — Oui, dit Fedor, votre Grâce sait bien que le roi disait à son
intendant : tu dois avoir pitié de tes inférieurs comme j'ai pitié de
toi .'
    — Pitié ! pitié ! s'écria Louise en joignant les mains.
    Tyras ! pille ! cria le goutteux. Le chien s'élança contre les
enfants et serrait entre ses dents la robe de Louise; Fedor, par un
rapide mouvement de la main, délivra sa sœur; Le chien la lâcha,
hurlant, éternuant, se grattant les yeux et le nez avec les pattes.
L'Inspecteur jurait, et Fedor entraîna sa sœur hors de la maison.
    — La bête se rappelera de moj, dit Fedor en riant. Tu es heu-
reuse d'avoir un frère comme moi, car un tel chien déchire un
enfant avec autant de plaisir qu'un lièvre.
    — Que lui as-tu donc fait ? demanda Louise en pleurant sa
robe déchirée.
    — Hier j'avais lu dans un journal que deux dogues se battaient
avec acharnement et qu'un petit jeune homme les avait séparés
en leur jetant du tabac dans le nez et dans les yeux. J'en ai donc
acheté une provision lorsque j'ai su que nous devions aller dans la
maison de chasse du forestier.... Mais que veut toute cette foule
qui passe par cette porte ? Il y a sans doute quelque chose à voir,
allons-y dit Fedor.
    Louise suivit son libérateur dans une cour entourée de hautes
 murailles; tout autour étaient des galeries remplies de dames en
toilette, dans le bas étaient des hommes et des enfants de toutes
les classes. Louise voulait se retirer mais la porte était déjà fermée.
    — Tenez-vous à droite, dit un chasseur, et si la poursuite à
 lieu vous passerez à gauche.
    Louise était dans une grande inquiétude et Fedor aussi, car il
ne lui restait plus de tabac. Un homme qui remarqua leur frayeur
les rassura en leur disant qu'on avait arraché les dents au sanglier.
 A plusieurs reprises différentes on le fit poursuivre par des
 chiens qui lui déchirèrent les oreilles et le mordirent cruellement.