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                        FEDOR ET LOUISE.                         391

Le spectacle se termina par la curée distribuée aux chiens et assai-
sonnée de quelques coups de fouets.
   — Partons Fédor ! dit Louise toute tremblante, je ne m'étonne
plus que le forestier ait été aussi dur. Celui qui est cruel pour les
animaux le devient aussi à l'égard des hommes. Je ne voudrais
être ni boucher ni chasseur.


                          CHAPITRE VII

  TRAITE BIEN LES ANIMAUX QUE TU AS PRIVÉS DE LEUR LIBERTÉ.



    — Pourquoi pleurez-vous donc, petite Louise? demanda ma-
 dame Petermann à sajeune voisine.
    — Ah ! madame Petermann, dit Louise en sanglottant, je suis
bien inquiète sur le sort de mon père. Lorsqu'aujourd'hui je lui
 ai porté sa soupe, il m'a serrée dans ses bras en disant: Bientôt
tu n'auras plus de soupe à faire. Il sent qu'il va bientôt mourir et
ne regrette la vie qu'à cause de nous ; il m'appelait sa chère
fille, m'a donné un baiser et sa bénédiction.... Louise reprit en
pleurant : Le docteur lui a ordonné de boire, chaque jour, une
chopine de lait de chèvre fraîchement trait, et de sortir au moins
pendant deux heures chaque semaine, mais le docteur n'a pas dit
où il faut prendre l'argent; il en coûte deux francs si un gardien
l'accompagne pendant deux heures. Deux francs ! madame Peter-
mann, pour une portion d'air qui ne leur coûte rien ! J'ai proposé
au geôlier et au juge de me garder en gage avec mon frère, pen-
dant que mon père irait se promener : mais au lieu de me répon-
dre ils m'ont ri au nez. Si nous étions donc en Afrique ou en
Amérique .' On y achète les hommes comme une marchandise, je
pourrais me vendre et donner l'argent à mon père, afin qu'il
puisse se promener et boire du lait de chèvre.
   —Vous êtes une brave enfant, dit Madame Petermann attendrie.
Nous ne sommes pas encore si mal ici pour que vous deviez vous
vendre^ je sais déjà comment faire pour le lait de chèvre; monbeau-
frère a une grange avec des vaches et des chèvres, je veux faire