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                     CRYPTE DE SA1NTE-BLANDWE.                              341
du maître dont nous parlons. Cela compense, et au delà, certaine inélé-
gance de forme, certaine monotonie de style et de disposition de cette ma -
nière un peu conventionnelle qui est l'inévitable écueil des artistes trop
désaccoutumés de l'étude scrupuleuse de la Dature réelle.
   Passons au détail. Le Christ libérateur est d'un beau caractère ; il exprime
bien cette puissance souveraine qui venait se substituer, d'autorité, à tontes
les oppressions humaines. Ses traits sont d'une austère beauté. Seulement,
nous eussions préféré à ces cheveux écourtés qui encadrent à peine la face
divine, cette belle chevelure ondoyante et nazaréenne que la tradition a
consacrée. Autant en faut-il dire de ce même type dans les quatre sujets
où il figure, en ajoutant, du reste, qu'il y est d'un style moins élevé que
dans celui qui vient de nous occuper.
   Ces sujets, quoique plus petits de proportion que les figures principales,
dont nous parlerons plus bas, quoique placés là à l'état de décorations
complémentaires , sont néanmoins des compositions sérieusement conçues
et suffisamment indiquées : c'est la guérison de l'aveugle de Jéricho, celle du
Paralytique, la multiplication des pains et la résurrection de Lazare. La
première de ces scènes est largement disposée : belles lignes, beau paysage ;
il y a de la foi dans l'aveugle et de la compalissaace dans le divin guérisseur.
Ce dernier trait est le seul caractère à remarquer dans la seconde scène,
la moins saillante des quatre. La troisième est d'un bel effet ; l'esquisse a
du nombre et de l'harmonie : c'est bien la vaste foule, avide de la pa-
role et épuisée de nourriture, que le Christ daigne soulager. La quatrième
enfin, nonobstant certains détails d'une vulgarité inopportune, brille par
de vives expressions : Marthe et Marie remercient et adorent de toute âme ,
et la foule admire avec stupeur l'étonnante résurrection de l'ami du Christ.
   Mais, nous le répétons, ceci n'est que le complément de l'œuvre et,
comme telles, ces œuvres ne sont que des jets premiers qui n'ont pas dû
recevoir toute la perfection d'étude désirable. Tout l'effort, en ce sens , a
dû se concentrer sur les sujets proprement dits qui entourent le Christ li-
bérateur lui-même.
   Cette partie de l'oeuvre est une fidèle traduction de la célèbre lettre des
fidèles de Lyon, laquelle décrit elle-même si poétiquement chacun de ces
nobles champions de la foi. Un artiste, inspiré d'un vrai sentiment chrétien,
n'avait, ce semble, qu'à copier ; c'est ce qu'a fait M. Frenet. Suivons cette
liste sacrée. — Blandine, d'abord, dans l'attitude de l'extase qui la soustrait
aux douleurs mémo de la terre, les yeux au ciel quand la bête de l'amphi-
théâtre lèche miraculeusement ses pieds. Cette figure respire la chasteté
puissante et l'exaltation de ce dévoûment souverain qui, de la part du narra-
teur pieux, avait valu à cette faible vierge le titre auguste de Mère des mai-