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340 CRYPTE DE SAINTE-BLANDINE. Disons d'abord que c'était une heureuse idée d'honorer, par cette déco- ration , un lieu qu'une pieuse croyance proclame si vénérable. Située au- dessous d'une chapelle latérale qui forme actuellement la sacristie de l'é- glise, cette crypte y occupe la place que, dans les premiers édifices chré- tiens , on destinait aux reliques des martyrs ou témoins du christianisme : qu'on nommait pour cela du nom si expressif de confession ou témoignage, et au-dessus de laquelle se plaçait l'autel même du sacrifice. L'aspect même de cette chapelle rappelle ainsi parfaitement la disposition de la curieuse église de Saint-Clément de Rome, la seule qui conserve encore cette forme symbolique de l'Eglise primitive. C'est dans le petit souterrain, dont nous venons de parler, et qui est reconnu dit-on par les archéologues pour être de construction et de disposition pleinement romaines, c'est, disons-nous, dans ce petit souterrain qu'aurait été enfermée sainte Blandine avant d'être transférée dans les prisons voisines du cirque où elle devait mourir d'une si glorieuse mort. Que les chrétiens des temps immédiatement pos- térieurs aux persécutions aient transformé en lieu saint un lieu de martyre et superposé une chapelle à un tel cachot, l'état des lieux, la proximité d'une église , la permanence de la tradition, tout le fait croire , tout le démontre. Mais n'y eut-il à cela qu'une seule vraisemblance, elle devrait suffire, à notre avis, pour faire ployer le genou le plus fier au seul souvenir de la jeune et héroïque esclave. Est-il rien , en effet, de plus noble et de plus glorieux pour l'Église de Jésus-Christ que le culte de cette humble Blandine, au nom si doux, à l'âme si forte, passant à travers la sanglante épreuve du martyre, de l'ombre d'une vie méprisée aux honneurs d'une éternelle apothéose, et que sont les théories les plus radicales de l'égalité humaine à côté de ce simple fait ? L'artiste avait, en un très étroit espace un nombre considérable de pe- tites places à décorer. Il en a tiré tout le parti possible. La composition a de l'ensemble et un parfait rapport avec la destination du lieu. Le Christ libérateur de tout esclavage, occupe le centre ; tout autour sont grouppés avec Blandine ses plus illustres compagnons de gloire ; et enfin les quatre pans concentriques de la petite voûte sont consacrés à la représentation de quatre miracles du Christ, qui symbolisent quatre affranchissements de notre nature dégradée. Nous l'avons déjà dit, ces peintures sont très-altérécs, quelques unes même ont déjà disparu sous une épaisse mousse nitreuse. Nous ne pouvons donc parler que de leur reproduction. Or, telle qu'elle est, cette reproduc- tion constitue une œuvre importante et, à certains points, très-remarqua- ble. Elle se recommande par une sincère étude des types et des sujets repré- sentés et par cette verve abrupte mais énergique qui est le caractère propre