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308                     LETTRES INÉDITES

 mis souvent, et même dans le Journal des Théâtres, de lui
 donner quelques conseils, qu'elle a toujours pris en excellente
 part ; ce qui prouve qu'elle avoit plus d'esprit que ses ennemis
 ne lui en supposoienl; car pour obscurcir l'éclat de ses succès
 on n'avoil pas manqué de répandre dans le public qu'elle
 éloit très-bornée. Il suffisoit de la connoilre et de la voir pour
 être persuadé du contraire: tant de finesse ne sauroit s'allier
*vec de la bêtise; mais elle étoit douce et bonne, sans pré-
 tentions; cela suffisoil pour autoriser cette calomnie, dont on
 avoit, du reste, chargé M* Dangeville, que j'ai beaucoup
 connue hors du théâtre et qui vit encore , et avec aussi
 peu de fondement. M"c Luzy a vécu très-longtemps ave,c
 M. Landry, receveur-général des finances, qui lui a fait
beaucoup de bien et dont elle a eu une fille. Celle fille s'est
 faite religieuse. MUe Luzy en quittant le théâtre, touchée par
cet acte de dévotion, voulut prendre le même parti ; mais
heureusement cel enthousiasme n'a pas duré ; elle a sagement
 compris qu'on pouvoil également faire son salut dans le monde,
 tout en faisant le bonheur de ses amis et l'agrément de la so-
 ciété. Je crois qu'elle a pris ce dernier parti. Je n'ai plus eu
de relations avec elle depuis sa sortie du théâtre; content
d'avoir satisfait à l'amitié et à la reconnoissance, en lui payant
un tribut d'éloges qui n'en est pas moins impartial. Vous
savoz que j'élois aussi fort lié avec MUe       , que j'aurois sans
doute continué de voir si je n'avois quitté Paris huit jours
après qu'elle eût quitté le théâtre. Elle apportoit aussi dans
sa société celte même finesse, cette même amabilité qu'elle
avoit dans ses rôles; elle étoil vivement recherchée par les
gens de lettres, à l'égard desquels elle s'est toujours fort bien
conduite. La déconfiture de M. le président Du Trousset
d'Éricourl a dû lui être sensible, et je crains bien que sa for-
lune ne s'en soit ressentie , car ils faisoient depuis longtemps
bourse commune. L'extrême médiocrité de Mlle Dugazon dis-