page suivante »
SUR GRIM01) DE LA REYNIÈRE. 309 pense de toute espèce d'analyse de son talent ; elle étoit à peine soufferte du public qui, malgré vingt ans d'habitude, n'avoit jamais pu s'accoutumer à elle. Elle offroit, dans les dernières années de sa carrière dramatique, qu'elle a poussée jusqu'en 1787, une singularité assez remarquable. Depuis 1777, elle étoit devenue absolument sourde; on ne s'en aper- cevoit au théâtre qu'à l'élévation de sa voix, car jamais elle n'a manqué une réplique, et sa mémoire étoit assez sûre pour se passer du souffleur. J'ai dit qu'elle étoit extrêmement mé- diocre; mais une longue habitude de jouer avec d'excellents artistes l'avoit rendue supportable. Là , est l'avantage des grands théâtres de Paris, que l'on s'y forme même malgré soi, et qu'en dépit de la nature et de son peu d'intelligence, on devient au moins passable, et l'on ne fait pas tache avec les autres. C'est ce qui arrive rarement en province où la médiocrité reste toujours au même point, ou croupit au lieu de s'améliorer. [La suite au prochain numéro.) NOTA.. C'est par erreur que dans la première partie de cette lettre on a imprimé certains mots avec l'orthographe moderne, que Grimod n'avait pas adoptée.