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DE GRIMOD DE LA REYN1ÈRE. 299 nérer nos assemblées en cohue. Mais il n'étoit pas difficile d'y remédier, et j'y songeois, lorsque j'ai été obligé de quitter Paris. Vous pensez bien qu'il seroil impossible ailleurs que dans la capitale de réunir une société semblable. Et c'étoil là un des charmes de Paris, de pouvoir y rassembler en quel- que sorte d'un coup de baguelle, une foule de gens instruits, ayanl les mômes goûts, les mêmes opinions, et qui, en se fréquentant, ne pouvoienl que devenir meilleurs. Je ne doute pas que notre société, régie comme elle devoit l'être, n'eût élé utile aux lettres et n'eût enfanté plus d'un bon ouvrage, puisque, dans l'état informe où elle étoit, il s'y est formé pins d'un homme de mérite, et il en est sorli plus d'un écrit célèbre. Vous avez élé à portée de juger par vous-même les inconvénients et les avantages d'un rassemblement d'hommes de lettres, et je crois que vous conviendrez que les derniers surpassoient les autres , et qu'on auroit pu en faire quelque chose de bon ; mais la révolution auroit tout gâté et l'esprit démocratique auroit soufflé , sur nos déjeuners , sa peslilen- lielle influence. C'est ce qui me console du renversement de celte société, si bien nommée Semi-nutritive, quoique pour bien des gens, ces déjeuners tinssent lieu de dîners, surtout les jours ù'alloyau.... Mais c'est assez en parler, el vous ne vous attendiez pas que Mn,e de N.... nous ameneroil aux pro- pos de table. La famille de V est bien bonne de se souvenir de moi, chétif individu, et d'attacher quelque prit à mes hommages. Je vous félicite de la voir quelquefois ; vous voyez qu'il n'y a que la première démarche qui vous coûte, et qu'ensuite vous vous en trouvez bien. Ces dames m'ont paru fort gaies et fort simples, et quoique j'en veuille toujours à Mme la baronne de V.... de n'avoir pas voulu se rendre à un goûté qui avoit été monté tout exprès pour elle, je n'en suis pas moins sen- sible à ses qualités agréables. Vous m'avez dit. dans votre