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300 LETTHES INEDITES précédente, que M. le comte de Fortia, dans le peu de temps qu'il avoit passé à Lyon, avoit vu ces dames. Tâchez de vous procurer quelques détails sur cette visite, et de savoir s'il y a été question de votre serviteur. En cultivant de (elles con- noissances, vous travaillez pour votre plaisir présent et pour vos jouissances futures. Lorsque vous passerez à Aix pour aller h Marseille, vous renouvellerez connoissance avec elles, et je suis sûr qu'elles seront charmées de vous y recevoir. Elles y avoient une excellente maison , qu'elles n'ont peut- être pas abandonnée pour ioujours. MUe du P . . . . esl fort gaie et grande amie de M"e de N . . . ; elle connoîl aussi beaucoup M. Aze, et vous pouvez lui en parler, pour peu que vous vouliez donner quelque exercice à ses muscles zygomaliques; vous prendrez le plaisir de voir ses belles dents, qui m'ont paru bien blanches; les dames, dit-on, aiment beaucoup qu'on les fasse rire, et c'est souvent un moyen d'aller très-avant avec elles, à ce que les amateurs assurent. Pour moi, qui n'ai pas essayé d'en faire l'épreuve pour mon propre compte, je pense, en effet, qu'un enfant de la joie, un bon vivant, est en tout préférable h un amant langoureux, el, comme la plu- part des femmes ne demandent qu'à élrebien attaquées pour se rendre, je pense qu'un peu d'audace et beaucoup de gaité, sont les armes les plus propres à les combattre. Au reste, j'en reviens à mon système : la meilleure intrigue de société, ne vaut pas la peine qu'elle donne, les soins qu'elle coûte et l'em- barras où souvent elle entraîne. Puisque vous me remettez, à celte occasion , sur le lapis des voyages, je conviens avec vous qu'on est dispensé de prou- ver ce qui esl trop facile de l'être, mais non que ce soit le cas de l'application de ce principe , à moins que vous ne l'ap- pliquiez dans mon sens. Assurément, rien ne vous empôche- roit de voyager si vous en aviez le plus petit désir. Les pays d'ici à Lyon sonl réellement tranquilles, puisqu'un voiturin