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CORRESPONDANCE. L E T T R E AU S U J E T DU BARON DE S T A S S A R T . Bruxelles, 10 février 1855. MON CHER DIRECTEUR , Je suis étonné que la Revue du Lyonnais, si empressée, pour l'ordinaire, à recueillir tout ce qui est honorable pour votre cite, n'ait pas consacré quelques lignes à la mémoire de M. Goswin (Joseph-Augustin), baron de Stassart, membre de l'Académie de Lyon et de la Société littéraire de la même ville, décédé le 10 octobre 1854 à Bruxelles, à la suite d'une indis- position de quelques heures. M. de Stassart était un de nos plus brillants littérateurs ; le spirituel fabuliste avait une réputation européenne. Voici quelques notes pour la Revue dans le cas où vous jugeriez à propos de parler d'un homme qui a eu plus d'un rapport avec votre ville, soit comme littérateur, soit comme administrateur : M. de Stassart était né le 2 septembre 1780, à Malines ; il entra jeune dans la carrière publique ; il fut successivement auditeur au Conseil d'État, sous-préfet d'Orange, préfet du département de Vaucluse, intendant des provinces conquises du royaume de Prusse, commissaire du Tyrol, etc. A Orange, on lui doit la charmante promenade qui entoure l'arc de triomphe et la création d'une bibliothèque publique, dont il forma le noyau par un don de deux à trois mille volumes. Préfet de Vaucluse, il montra le plus grand zèle et la plus vive sollicitude pour ses administrés pendant la grande inondation du Rhône en 1810, une des plus redoutables et des plus désastreuses dont on ait gardé le souvenir. M. de Stassart avait été ministre plénipotentiaire, vice-président du Congrès belge et chambellan de S. M. l'empereur d'Autriche. Depuis quel- ques années il s'adonnait tout entier à ses goûts littéraires. Comme s'il pres- sentait sa fin prochaine, il venait de publier ses œuvres complètes (Bruxelles, 1854, grand in-8° de 1092 pages). « Dans ce recueil, dit M. Dinaux, l'au- teur se fait voir tour à tour et à la fois poète, diplomate , philosophe, bio- graphe, législateur, historien ; on retrouve depuis la première page jusqu'à la dernière cet esprit des convenances qui dénote si bien l'homme aimable et supérieur, ne sacrifiant jamais aux passions basses et vulgaires. » M. de Stassart a laissé un testament dont plusieurs dispositions sont de nature à perpétuer son souvenir parmi les hommes de lettres ; il a légué sa bibliothèque et sa magnifique collection d'autographes à l'Académie de Bruxelles ; en outre il a fondé un prix triennal pour l'encouragement des recherches historiques et littéraires. Agréez, etc. A. de REUME. AIMÉ VINGTRINIER, directeur-gérant.