Revue du Lyonnais » série 2 - n°10 ( 1855 ) » pp.184

184         NOTICE SUR L'IMPRIMERIE DE TRÉVOUX.
   Le Rouge, fatigué des difficultés et des intrigues incessantes
que lui créait la jalousie , céda son privilège à Lambert Gaspa-
riny, avocat au parlement. Ce dernier ût aussitôt commencer
une contrefaçon du Nouveau-Testament, au préjudice d'André
Praslard , libraire à Paris. Averti par un religieux du couvent
de Trévoux , Praslard vint à Lyon , et proposa , pour la faire
cesser , 1,400 livres à Gaspariny, qui lui en demandait 3,000.
11 alla voir aussitôt M. de Montezan,qui, consultant plutôt l'équité
que le droit, ordonna à Gaspariny de surseoir à son impression.
Gaspariny céda alors son privilège à un nommé Drapier , qui,
malgré la défense faite, fit poursuivre l'ouvrage. Emprisonné à
la requête de Praslard, il ne sortit que sous le cautionnement
de sa femme, et transigea avec Praslard , qui , lui-même, avait
été emprisonné pour avoir dit : « Le duc du Maine , pour un
 « petit bâtard, fait bien claquer son fouet, » et tenu d'autres
propos injurieux.
   Drapier abandonna son privilège , et l'imprimerie de Trévoux
tomba de nouveau.

                       IV, JEAN BOUDOT.

   Jean Boudot, si avantageusement connu dans la librairie ,
demanda à succéder à Le Rouge. Après constatation faite, par
le premier président du Parlement, de l'abandon fait par ledit
Le Rouge et ses ayant cause, un privilège général lui fut
accordé le 26 juin 1699 pour rétablir l'imprimerie. Ce privilège
révoquait celui accordé à ses prédécesseurs, et l'établissait pour
être le seul et unique libraire en la souveraineté ; défendait a
quiconque d'avoir des presses et caractères d'imprimerie sans
son consentement, et punissait tout contrevenant de 10,000 liv.
d'amende applicables, savoir : un tiers à l'hôpital de Trévoux,
un tiers audit Boudot, et l'autre tiers au dénonciateur. II ne
pouvait imprimer aucun ouvrage de théologie , si le manuscrit
n'était revêtu de l'approbation signée du censeur commis à cet
effet, et devait donner, comme l'avaient fait ceux qui tenaient
l'imprimerie avant lui, un exemplaire de tous les livres qu'il