page suivante »
BIBLIOTHÈQUE LYONNAISE. 145 mériter la future bibliothèque municipale et s'en faisaient honneur. C'était la considération que faisait valoir M. Coste lui-même pour appuyer des demandes qu'il renouvelait assez fréquemment. « Ce n'est pas a moi que vous donnerez , di- sait-il, c'est à la ville. » On ne peut point ne pas rappeler, ici, un fait qui est de notoriété publique. Au dernier moment de sa vie, peu confiant dans la durée du gouvernement qu'on avait alors (c'était en 1851;, l'honorable bibliophile changea d'avis : on n'a point de compte à demander à sa mémoire ; ce qu'il a fait, il a cru devoir le faire. Un si excellent ci- toyen, un homme qui aimait son pays avec tant de dévoû- ment n'a pas renoncé, sans des considérations graves, à un projet dont il s'occupait si volontiers. M, Coste en avait un autre qui ne lui était pas moins cher; c'était celui de la publication du catalogue de ses livres. Cet ouvrage aurait formé quatre volumes grand in-8 , imprimés avec la magnificence qu'on admire dans le catalogue de la bibliothèque de lord Spencer par Dibdin ; on y aurait trouvé des lettres ornées, des gravures d'antiques dessins: des fac- similé de pages ou de titres d'éditions princeps et de chartes, en un mot, le plus grand luxe bibliographique et artistique. M. Coste a nourri et choyé toute sa vie cette belle idée; il avait même désigné son imprimeur et ses collaborateurs, quand une mort imprévue vint le saisir. Aucun de ses deux projets favoris ne devait recevoir d'exécution. La bibliothèque était formée de deux collections ; une de livres appartenant à la bibliothèque générale, l'autre exclu- sivement lyonnaise. La première a été vendue, a Paris, par les soins de M. Potier, libraire, qui en a dressé le catalogue; commencées le 17 avril 1854, les vacations se sont pro- longées jusqu'au 13 mai. Cette vente a produit environ soixante-six mille francs ; on s'attendait au double. Je regrette beaucoup que l'acquisition de cette bibliothèque , en grande 10