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ET DES SCIENCES. 129 générales sur la raison humaine qu'après avoir étudié par la réflexion intérieure ses plus évidentes manifestations ? Cependant, quelle que soit la somme des vérités qu'ont recueillies les sciences ; quelque grande qu'ait été leur influence, ce serait se laire une étrange illusion que de les considérer comme embrassant tous les ordres de vérités et toutes les méthodes de connaître. . Elles éclairent de leurs lumières tout ce qui fait partie du monde accessible aux sens, tout ce qui tient aux pro- priétés des nombres et de l'espace, abstractivement consi- dérés ; elles ne vont pas au-delà : les vérités morales, celles qui sont du domaine de la conscience leur échappent entiè- rement ; elles restent muettes sur l'âme et ses destinées futures, sur les notions de justice, de droit, île conformité • h l'ordre et au bien. Cette lacune a été bien des fois signalée. « Les sciences exactes nous ont accoutumés, dit Gibbon,, a dédaigner l'évidence morale si féconde en belles sensations et qui est faite pour déterminer les opinions et les actions de notre vie. » Suivant M. de Chateaubriand, « les esprits géométriques soot souvent faux dans le train ordinaire de la vie ; ils veu- lent trouver partout des vérités absolues, tandis que, en morale et en politique, les vérités sont relatives. Il est ri- goureusement vrai que deux et deux font quatre ; mais il n'est pas de la même évidence qu'une bonne loi à Athènes soit une bonne loi a Paris. » Pour combler la lacune que laissent les sciences dans la connaissance des vérités morales, l'observation peut être encore utile ; mais ce n'est plus celle du monde extérieur; c'est le retour de l'âme sur elle-même ; c'est l'examen de tous les replis de la conscience, et remarquez que cette observation intérieure n'exige pas seulement, comme les 9