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128 DES LETTRES des vérités ; elles réunissent tout ce qui peut donner le désir et le moyen de connaître, la grandeur des résultats et la précision des méthodes. Aussi, l'homme qui est nourri de leur substance devient-il ardent à découvrir les choses cachées de la nature, et prend-il ces habitudes d'un esprit sévère qui exige, pour être convaincu, des démonstrations rigoureuses. Deux voies différentes, mais également sûres, conduisent à la découverte et a la démonstration des vérités scientifi- ques : la méthode d'observation et la méthode des axiomes. En suivant la première, on commence par les faits qui tombent sous les sens, et de leur étude minutieuse on s'élève jusqu'aux lois des phénomènes et jusqu'à leur causalité. En prenant pour points de départ des axiomes de sens commun, tels que : le tout est plus grand que la partie, on s'appuie sur des vérités incontestables et évidentes ; et par des déduc- tions successives, on en vient jusqu'à pénétrer dans les dé- tails les plus minutieux des choses. La première de ces mé- thodes est celle qui préside aux sciences naturelles, à la physique, l'anatomie et la physiologie ; la seconde, aux mathématiques, et en particulier a la géométrie. L'observation des faits a été, depuis un siècle surtout, couronnée de tant de succès qu'il n'y a pas une trop grande hardiesse à penser que, grâce à ses résultats, les sciences natu- relles ont étendu leur influence au-delà de leur propre do- maine. N'est-il pas permis de croire que si les historiens sont devenus si attentifs à remonter aux sources contempo raines, et à contrôler les récits de leurs devanciers par l'examen des monuments et des lieux, ils ont été, en partie du moins, entraînés par l'exemple que leur donnèrent les investigateurs de la nature. Cet exemple n'a-t-il pas aussi en- couragé les philosophes eux-mêmes à insister sur l'obser- vation des faits de conscience et à ne s'élever aux idées