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102                      LETTRES INÉDITES
forces pour se livrer à l'étude et aux charmes de la retraite. Je
vous invite à peser ces considérations, et je voudrais qu'elles
pussent assez influer sur votre genre de vie pour vous procurer
souvent cette sorte de plaisir. Je conviens que les lettres sont
peu cultivées et honorées à Lyon, qu'on y fait plus de cas d'une
étoffe que d'un livre, et qu'en général l'esprit des affaires y
étouffe l'amour des lettres. Mais cette ville renferme cependant
un très-grand nombre de gens instruits, d'artistes même, à qui
il ne manquerait que plus de communications entr'eux pour va-
loir davantage. Mais il faut que ces communications soient vo-
lontaires et dérivent d'un goût simultané, d'un commencement
d'amitié réciproque , tous les rassemblements forcés de beaux
esprits, sous le titre de musée, lycée, etc. ne conviennent point
à la province. Il faut que le besoin de s'éclairer, de se répandre,
rassemble les amis des lettres. Une société à Lyon qui se ras-
semblerait deux fois par semaine : M. M..., M. VASSELIER,
M. de F..., M. PITT, M. BERNUZET, M. de LAURENCIN, M. l'abbé
de CASTILLON, M. de la TOURETTE, et d'autres dont le nom ne
me revient pas, feraient sans doute une société très-agréable
et dont chaque membre sortirait satisfait, avec le désir d'y re-
tourner. Elle n'aurait ni la prétention d'une académie, ni le
vide d'un souper, ni l'ennui d'une visite, ni les inconvénients
d'un café. Chacun se connaissant et pensant bien, se livrerait
sans trouble et sans contrainte à ses réflexions, et quand le ré-
sultat de ces séances ne serait que d'avoir passé chaque semaine
cinq ou six heures utilement ou agréablement, il me semble que
cet avantage ne devrait point être négligé. Voilà, direz-vous,
bien du bavardage à l'occasion d'une ligne sur M. Vasselier ;
mais ce n'est pas d'aujourd'hui que vous êtes accoutumé à mes
rêveries. Pour Mme A..., je ne doute plus de son changement
d'opinion, puisque vous m'assurez qu'elle est constamment au
Lycée et qu'elle reçoit avec plaisir les leçons de M. de Laharpe.
Tous les cours de cet établissement sont faits         , et le poison
qu'on y distille est d'autant plus dangereux que rien ne l'annonce
et qu'il se mêle à des objets fort étrangers à la politique. Je vous
prédis que Mme A... vous reviendra de Paris.       ouvertement l'a-