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DE LA PHILOSOPHIE CARTÉSIENNE. 67 tout, c'est moins ce mécanisme en lui-même que dans ses mou- vements et dans son action ; ce qu'il veut surtout, c'est faire comprendre comment tout cela se meut et s'agite sous l'empire de la volonté. C'est là le côté le plus original et le plus profond de la philosophie de Bossuet ; c'est là ce qui fait de Bossuet un des aïeux, de Bichat, et encore même a-t-on quelque droit de se demander si l'illustre auteur des Recherches physiologiques sur la vie et la mort, a su mieux faire ressortir le merveilleux artifice des organes du corps humain. Ce serait assez pour la gloire d'une école d'avoir inspiré un chef-d'œuvre tel que ce traité, et aussi les Elévations sur les mystères , autre ouvrage de Bossuet que M. Bouillier étudie avec complaisance, et dans lequel il retrouve à chaque page les idées, la méthode, le lan- gage même de l'école de Descartes. Auprès de Bossuet, dans l'histoire du cartésianisme, se place son illustre rival. Fénelon est un cartésien, et M. Bouillier le prouve non seulement par l'analyse du Traité de l'existence de Dieu, mais par l'étude de plusieurs autres ouvrages de l'arche- vêque de Cambrai, et même par des passages peu remarqués du Télémaque. Or, si le cartésianisme avait exercé une telle séduc- tion sur des hommes comme Fénelon et Bossuet, quelle influence ne devait-il pas avoir sur des esprits plus modestes ? Aussi voyons-nous" cette philosophie adoptée avec plus ou moins de fidélité, plus ou moins de liberté, par tous les écrivains philoso- phiques de la dernière moitié du XVIIe siècle et de la première partie du XVIIIe siècle. Cependant, il faut le reconnaître, ce sont moins les pures doctrines cartésiennes qui triomphent à cette époque, que les idées du maître, déjà défigurées sur beaucoup de points, ou singulièrement transformées par Malebranche. Aussi M. Bouillier consacre-t-il plusieurs chapitres à l'étude des malebranchistes célèbres dans l'Oratoire, d'abord, puis en dehors de l'Oratoire, et surtout chez les Bénédictins. Il nous fait enfin assister aux dernières luttes que le cartésianisme direct ou trans- formé eut à subir jusqu'au moment où il finit par triompher non seulement auprès de l'opinion publique, mais, ce qui était plus difficile, dans les écoles. Ici se termine la première et la