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68 RAPPORT sim L'HISTOIRE plus importante période de l'histoire de la philosophie carté- sienne en France, et M. Bouillier en suit alors les destinées dans plusieurs autres contrées de l'Europe, en Allemagne, en Italie, en Suisse. Dans cette étude, en ce qui concerne l'Allemagne, c'est, comme on s'y attend bien, à l'étude des ouvrages et des doctrines de Leibnitz, que s'attache spécialement M. Bouillier, qui lui a con- sacré trois chapitres. Il a peu de chose à dire de la Suisse, où le cartésianisme, vivement attaqué dès l'origine par les pasteurs réformés, n'eut qu'une existence et un succès éphémères. Il s'arrête plus longtemps à l'Italie, où il rencontre d'illustres par- tisans et un illustre adversaire de Descartes. Parmi les premiers, il en est deux surtout que M. Bouillier fait parfaitement con- naître, l'un Michel-Ange Fardella, à peine connu en France, et sur lequel, grâce à l'obligeance de M. le docteur Bèrtinaria , professeur de métaphysique à l'université de Turin, M. Bouillier a pu donner des renseignements curieux et inédits ; l'autre est Je savant et illustre cardinal Gerdil, mort presque de nos jours, et qui consacra sa longue et honorable vie (1718-1802) à mon- trer, d'une part, que Malebranche et Descartes ne peuvent pas être séparés l'un de l'autre, et que la Recherche de la vérité est le complément du Discours de la Méthode et des Méditations • et, de l'autre, que l'on trouve dans Jes ouvrages de Descartes tous les arguments nécessaires pour combattre le matérialisme et l'athéisme. L'adversaire de Descartes en Italie, est l'auteur, fort obscur jusqu'à nos jours , aujourd'hui connu de tout le monde, grâce à M. Michelet, des Principes de la science nou- velle , c'est-à -dire Vico. .le n'ai pas à apprécier ici le talent de cet écrivain, dont on a voulu faire une sorte de prophète, et qui, certes, peut lutter d'obscurité avec les plus fameux oracles de l'antiquité païenne ; j'ai eu l'occasion, l'année dernière, dans une de mes leçons, de dire en quelques mots mon opinion sur le compte de cet écrivain, dont on m'a toujours paru avoir sin- gulièrement exagéré le mérite et ia valeur. Toutefois, il y a, dans Vico, à défaut de la clarté et de la netteté par lesquelles, certes, il ne brille pas, deux grandes qualités incontestables : l'érudition